• Birmanie :

    conspirations et machinations<o:p />

    Règlement de comptes entre militaires, conflit d'affaires,

    coup tordu américain, émergence d'un mouvement d'opposition ultra-violent ou
    même terrorisme islamique : les spécialistes de la Birmanie qui tentent
    d'analyser les attentats du 7 mai se perdent en conjectures.<o:p />

    Tragiquement, cela ressemble à un roman d'Agatha Christie :

    tous les témoins du meurtre sont des suspects en puissance. Depuis les
    attentats du 7 mai, qui ont plongé dans l'effroi les habitants de la capitale
    birmane, les spécialistes de la politique birmane se creusent la cervelle et
    épuisent leurs sources à tenter d'identifier les responsables.<o:p />

    Ce samedi après-midi-là, Rangoon a connu la terreur d'une
    violence aveugle pour la première fois depuis près de vingt ans. Quatre bombes
    ont explosé quasi-simultanément dans deux supermarchés City Mart et un centre
    de congrès, le Myanmar Convention Center. Ce dernier abritait une exposition de
    produits thaïlandais. Le bilan officiel, qui fait état de dix-neuf morts et
    cent-cinquante blessés, est, selon des témoins, sans doute largement
    sous-estimé. <o:p />

    La junte birmane a d'emblée, sans apporter la moindre
    preuve, accusé les rebelles shan, karen et karenni, qui mènent depuis des
    années une lutte armée contre le régime, d'être les organisateurs de l'attentat.
    Pour faire bonne mesure, les militaires ont également mis dans le même panier
    le gouvernement en exil, NCGUB. Dix jours plus tard, lors d'une conférence de
    presse, le ministre de l'Information du SPDC (State Peace and Development
    Council, nom officiel du régime), Kyaw Hsan, donnait davantage de détails : les
    terroristes auraient reçu une formation au maniement d'explosifs dans un camp
    situé en Thaïlande par trois experts étrangers, dont un journaliste,
    appartenant à “une organisation mondialement connue d'une certaine grande
    nation”. Directement visés : les Américains et la CIA. <o:p />

    Des militaires dans le coup ?<o:p />

    La plupart des experts indépendants ont rapidement écarté la
    possibilité d'une implication américaine dans les attentats du 7 mai. Mais ils
    n'ont pas manqué de noter une autre information donnée par Kyaw Hsan :
    l'explosif utilisé par les terroristes était du RDX (Research Department
    Explosives). Très puissant (les explosions ont été entendues à plus de six
    kilomètres), ce matériel militaire était en Birmanie exclusivement en
    possession des militaires, qui l'importaient de Chine populaire. Ce qui rend
    plus crédible encore la théorie de la conspiration la plus en vogue, celle d'un
    règlement de comptes au sein de la junte. <o:p />

    Depuis la mise à l'écart de l'ancien Premier ministre Khin
    Nyunt, en octobre dernier, le régime birman est en équilibre instable. Ses deux
    hommes forts, le tout-puissant chef de l'Etat Than Shwe et le chef de l'armée
    Maung Aye, ont certes éliminé la menace que représentait leur rival. Mais ils
    se sont aussi privés de centaines d'hommes appartenant à l'appareil de
    renseignement militaire (MIS) mis en place et dirigé par Khin Nyunt. Ses
    puissants officiers ont tout perdu en quelques jours : leur famille souvent,
    leur maison, leur véhicule et... leurs affaires florissantes. Beaucoup sont en
    prison, d'autres sous surveillance étroite; certains ont choisi d'entrer dans
    la clandestinité. Les fidèles de l'ancien Premier ministre, habiles au
    maniement des explosifs – et sachant s'en procurer – auraient ainsi un mobile
    parfait pour avoir commis les attentats du 7 mai : la vengeance. <o:p />

    L'analyse des cibles visées le 7 mai ménerait également vers
    les mêmes suspects et ajoute une dimension “business” à l'affaire : le Myanmar
    Convention Center, source importante de revenus, serait passée sous le contrôle
    des forces de l'Armée de l'Air, après que le MIS en ait été écarté en octobre.
    Quant aux supermarchés CitY Mart, ils sont aux mains d'un groupe
    d'entrepreneurs dont fait partie la fille du général Maung Aye. Quelques pistes
    sur Internet indiquent que City Mart était l'un des partenaires de Bagan Cyber
    Tech, fournisseur d'accès à Internet aux mains de Ye Naing Wynn, l'un des deux
    fils de Khin Nyunt. Comme par hasard, les attentats ont eu lieu quelques jours
    avant que commencent les procès de Ye Naing Wynn et de son frère aîné, arrêtés
    dans la même vague que leur père.<o:p />

    Des opposants en colère ?<o:p />

    Toutes ces convergences ne suffisent pas pourtant à éliminer
    les autres suspects potentiels. Depuis plusieurs mois, les milieux de
    l'opposition birmane enregistrent une vague de mécontentement, voire de colère,
    inédite dans un mouvement dont la figure de proue, le prix Nobel de la Paix
    1991 Aung San Suu Kyi, est une adepte de la non-violence pronée par le Mahatma
    Gandhi. Certaines rumeurs font même état d'un mouvement fantôme, né d'une
    exaspération face à l'impuissance de la Ligue Nationale pour la Démocratie
    (LND) d'Aung San Suu Kyi, prêt à s'engager dans une lutte armée terroriste. Le
    spectre du groupe des Vigoureux Etudiants Birmans, qui a déjà revendiqué
    plusieurs actions violentes, mais jamais contre des cibles civiles, flotte
    également dans l'air. Néanmoins, il est difficile d'imaginer que ces groupes
    aient disposé des moyens et du savoir-faire technologique pour organiser ces
    trois attentats simultanés avec autant de précision – à moins que la CIA n'y
    soit pour quelque chose, ce qui nous ramène à la case départ...<o:p />

    Enfin, la dernière piste évoquée, plus confidentiellement, à
    Rangoon, est celle de terroristes islamiques. Ceux-ci auraient pu vouloir
    étendre à Rangoon les luttes que se livrent les ethnies musulmanes et leurs
    pouvoirs de tutelles aux frontières entre le Bengladesh, la Birmanie et l'Inde.
    Quatre musulmans d'origine indienne auraient ainsi été arrêtés près de la
    frontière du Bengladesh à la suite des attentats du 7 mai. <o:p />

    Quelle que soit l'organisation qui se cache derrière les
    actes terroristes de Rangoon, il y a fort à craindre qu'elle n'en reste pas là.
    Le passage à la violence aveugle et au meurtre de civils innocents est souvent
    le signe d'une résolution implacable. <o:p />

    François Tourane


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  • « La Fête » est de retour ! De la musique de
    chambre à la gastronomie en passant par la
    mode et le cinéma, le grand rendez-vous de la
    culture française en Thaïlande rassemblera
    des artistes de tous les horizons pour la deuxième
    année consécutive. Cette manifestation
    tentaculaire à l'image de la ville qui l'accueille,
    aura lieu du 6 au 24 juin sur de multiples
    sites.
    Exit la pauvre grappe de raisin qui illustra l'affiche de la
    version 2004 de «La fête» ! La deuxième session de ce
    grand rassemblement culturel dédié à la culturelle
    française sera placée sous le signe du sourire et d'un patchwork
    de visages d'artistes jeunes et dynamiques. Jouant sur
    toute la palette des arts de l'Hexagone, le programme 2005
    privilégie les collaborations franco-thaïlandaises et promet
    quelques surprises. On tentera avant tout de se procurer une
    place pour le one man show du comédien Kuck, les 10 et 19
    juin, qui promet de nous offrir un bon retour à la case réalité
    avec un portrait doux-amer de la France et des Français vus
    par un Thaïlandais qui connaît bien l'esprit «farang-set». Les
    arts scéniques seront d'ailleurs au coeur de «La fête», avec
    une série de mini-festivals : musique électronique, musique
    de chambre, Circasia (productions françaises et thaïlandaises
    de nouveau cirque mêlant danse, acrobatie et vidéo, etc.).
    Bien sûr, outre la Fête de la musique le 18 juin, et la présence
    de jeunes maîtres de la scène électronique au Bed Supper
    Club et au V 9 du 9 au 12 juin, le reste des manifestations
    tient davantage du festivalier que du festif. C'est le défaut
    attendu de ce genre d'événement institutionnel.
    L'ouverture et la clôture
    seront même placées sous le signe du
    grand classique. Le 6 juin, la soirée
    d'ouverture, au Théâtre national, débutera
    par une réception - sur invitation -
    organisée sur l'esplanade, suivie d'un
    concert de musique de chambre donné
    par les musiciens du Bangkok
    Symphony Orchestra. Ils joueront des
    oeuvres du répertoire français : Poulenc,
    Chopin (qui était aussi un tout petit peu
    Polonais, ne l'oublions pas!), Debussy,
    Ravel et Ibert. Des éléments du programme
    2005 seront aussi proposés en
    avant-première au public trié sur le
    volet ce soir-là.
    Pour la clôture, les 23 et 24 juin, le
    spectacle Tricodex, concocté par le
    célèbre chorégraphe Philippe Decouflé,
    sera interprété par le Ballet Opéra de
    Lyon. Ce ballet multimédia de 90 minutes
    est considéré comme une des créations
    contemporaines les plus innovantes
    et devrait réjouir les amateurs
    de spectacles vivants.
    Mais enfin, les spectateurs thaïlandais,
    qui restent la principale cible de « La
    fête », devraient trouver dans la qualité des spectacles proposés
    une compensation à l'absence d'un côté «sanuk»! Et
    s'ils ne comprennent pas trop les intrigues des films français
    ou les nuances des artistes exposés dans une dizaine de
    galeries de Bangkok, ils pourront toujours se rattraper avec
    «la semaine du design», exposition de regards croisés sur le
    design français et le design thaïlandais, ou bien simplement se
    régaler les papilles avec les spécialités «La fête» proposées
    dans la majeure partie des restaurants français de Bangkok.
    La culture française, c'est comme la confiture : plus on en a,
    plus il faut de tartines pour l'étaler!

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  • Plan d'action commercial francais en Thailande


    Le fort impact du PACT


    Un an et demi après le lancement d'un plan d'action commerciale bilateral, les relations économiques entre la France et la Thaïlande sont passées à l'échelon supérieur. De multiples actions et événements ont été mis en place et les enterprises des deux pays commencent à en récolter les fruits.

    En juin 2003, le classement de la Thaïlande comme pays prioritaire pour les investissements français n'avait pas soulevé un enthousiasme débordant. La Chine restait, dans l'esprit de nombreux entrepreneurs hexagonaux, le seul pays asiatique capable de leur rapporter des bénéfices à court et moyen termes. Le plan d'action commerciale Thaïlande, adopté dans la foulée en décembre 2003, a prouvé que les deux pays, par une politique volontariste, pouvaient changer leur perception. Preuve en est, selon la Mission économique (ME) française de Bangkok, “le PACT correspond à la période historique la plus faste pour les entreprises françaises en Thaïlande”. Ces dernières ont obtenu, en 2003 puis en 2004, des contrats d'un montant global, jusque-là jamais atteint (respectivement 5 et 2,2 milliards d'euros). “L'année 2005 devrait constituer une année record pour le montant des exportations françaises, avec les premières livraisons des contrats signés en 2003. Et cette performance des exportations françaises en 2005 devrait pouvoir se prolonger jusqu'en 2009, grâce aux ventes d'avions Airbus échelonnées jusqu'à cette date”, precise la Mission économique.

    Pub dans les regions françaises

    Mais les chiffres des exportations ne sont que la partie émergée de l'iceberg PACT. De nombreuses actions, en profondeur, ont permis une meilleure compréhension mutuelle et des relations accrues entre les enterprises des deux pays.
    La première “action” du PACT consistait à mieux informer les enterprises françaises sur les opportunités du marché thaïlandais. De nombreux événements ont été organisés dans ce sens, en particulier la tenue à Paris d'un séminaire « Thaïlande, moteur de l'ASE » le 17 mai. Par ailleurs, les agents de la ME ont visité un grand nombre de regions françaises pour y faire la publicité du marché thaïlandais.
    La seconde action, qui vise à améliorer les relations entre les entreprises des deux pays, s'est mise en place en partenariat avec l'agence Ubifrance. Celle-ci a mis sur pied un programme important de sessions et de colloques sur la Thaïlande. En 2004, deux sessions de travail, « Batimat » et « pêche », et un colloque sur les industries papetières ont eu lieu. Et cette année sera particulièrement riche avec Vivasia (produits vétérinaires), Intertraffic (traffic routier), Bonjour French Fair 2005 et un colloque sur les machines textiles.

    Ô mon bateau...

    La troisième partie du PACT s'attaque au renforcement des ventes françaises en Thaïlande. Outre les grands contrats, pour lesquels il est difficile de mesurer l'impact des mesures prises, on peut noter que les exportations de biens de consommation français sont en augmentation de 8% sur les 10 premiers mois de 2004. Certes, la croissance de l'économie thaïlandaise n'y est pas pour rien. Mais les actions de lobbying de la ME pour faire baisser les nombreuses barrières douanières portent leurs fruits. Par exemple, les taxes sur les bateaux sont devenues nulles en 2004. “La Thaïlande devrait devenir un débouché important pour certaines de nos entreprises, leaders mondiaux dans ce domaine, au cours des prochaines années et une mission de la Fédération des industries nautiques a eu lieu en décembre dernier à Bangkok et Phuket”, precise un rapport récent des services de l'ambassade de France.
    La mise en place de partenariats franco-thaïlandais pour des projets d'investissements dans la région du Grand Mékong, objet du quatrième volet du PACT, semble en être le parent pauvre. Malgré plusieurs seminaires organisés en France sur le sujet, on ne voit pas encore ce qui pourrait en sortir, hormis la réalisation d'une ligne de chemin de fer reliant la ville de Nong Khai à la capitale laotienne Vientiane.
    Enfin, en ce qui concerne le volet 5, qui vise à accroître la formation et la présence des jeunes professionnels des deux pays, les choses ont bien avancé. Malgré quelques obstacles liés à l'obtention de visas, le nombre de VIE (volontaires internationaux en enterprise) français en Thaïlande est en augmentation (23). Dans l'autre sens, plus de 200 jeunes thaïlandais ayant obtenu des bourses internationales de leur gouvernement ont choisi la France en 2004, s'ajoutant aux 450 attirés par les programmes de l'agence Edufrance. On notera aussi que la Thaïlande a choisi, en novembre, l'école de mode française IFM pour former ses étudiants stylistes dans le cadre du programme « Bangkok, Fashion City ».
    La Mission économique de Bangkok, depuis la mise en place du PACT, a vu son nombre de “clients” augmenter de 90% ! Les entrepreneurs, qui pour beaucoup passent leur temps à hurler contre le “trop d'Etat” et le “trop d'impôt”, feraient bien d'y réfléchir : les contribuables français leur donnent un sérieux coup de main.
    François Tourane

    Encadré
    PACT : la preuve par l'action
    Action n°1 : Mieux informer les entreprises françaises sur les opportunités du marché thaïlandais.
    Action n°2 : Augmenter les rencontres entre entreprises françaises et thaïlandaises et renforcer l'information sur l'offre française.
    Action n°3 : Rechercher une performance plus régulière et diversifiée des ventes françaises en Thaïlande.
    Action n°4 : Une action commerciale régionale : agir à partir de la Thaïlande dans la région du Grand Mékong et en Asie du Sud-est
    Action n°5 : Accroître la formation et la présence des jeunes professionnels des deux pays dans nos échanges commerciaux.

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