• Ca chauffe pour Thaksin... la commission electorale, elle-meme sous le feu de la critique, a recu un rapport de l'un de ses sous-comites mettant en cause "un grand parti" et l'accusant d'avoir finance "de petits partis" pourqu'ils puissent participer au srutin du é avril - invalidé depuis. Si tout va bien - ou mal, selon le point de vue -, ces accusations pourraient mener à la dissolution du "grand parti" en question, dont nul ne doute qu'il s'agit du Thai Rak Thai... Malheureusement, trop d'info politique tue l'info politique, et il semble que le public (de meme que les redacteurs-en-chef parisiens !) se lasse du feuilleton electoral thailandais. Je les comprends !

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  • et oui, la cour consitutionnelle a hier annulé les élections du 2 avril. Il faut donc tout recommencer pour Thaksin et sa troupe. On attend de nouvelles elections en juillet... Cette fois-ci, l'opposition devrait participer. Et Thaksin aussi, sauf s'il est rattrapé par des affaires judiciaires assez troubles, dont parle la presse ce matin...

    Au vu de la pagaille actuelle au plus haut niveau de l'Etat français, on n'a pas trop de leçons à donner...

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  • Salut,

    le papier suivant date un peu, mais comme il n'est pas encore publié, je préfère vous le passer avant qu'il ne passe aux oubliettes du journalisme visionnaire. En tout cas, ce que je n'avais pas vu venir, et je n'étais pas le seul, c'est la récente intervention du roi, qui a provoqué une mise en revue du dernier scrutin par les plus hautes cours de l'Etat, qui pourrait d'ici une quinzaine de jours aboutir à l'annulation du scrutin du 2 avril. On s'attend à de nouvelles élections pour le mois de juillet, après le jubilée royal. La question est : Thaksin sera-t-il à nouveau candidat en tête de liste du TRT, lui qui avait annoncé qu'il prendrait du repos pour une année environ...

    Réponse ici et ailleurs dans les semaines qui suivent.

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    Thaksin : faux départ ?


    Thaksin Shinawatra l’a affirmé le 4 avril : il ne sera pas le prochain premier ministre thaïlandais. Il semble pourtant que l’homme fort du Thai Rak Thai fasse tout pour reprendre rapidement les manettes du pays – dans l’ombre ou dans la lumière.


    On imagine la scène. En visite en Thaïlande en février dernier, Jacques Chirac s’entretient avec Thaksin Shinawatra, dans un des salons vieillots de la Government House.

    Chirac : “Alors comme ça, vous avez des manifs tous les jours contre vous ?”
    Thaksin : “Oui, ces gens ne m’aiment pas, mais ils ne sont qu’une minorité khrap.”
    Chirac : “Alors je vais vous donner un conseil. Une bonne dissolution, comme chez nous en 1997, et ni vu ni connu je t’embrouille ! C’est mon copain Dominique qui m’avait conseillé de le faire.”
    Thaksin : “Oui mais vous aviez perdu les élections, chay may ?”
    Chirac : “Et alors ? Neuf ans après, qui est toujours président ? C’est moi ! Et Dominique est Premier ministre. Elle est pas belle, la vie ?”

    Le fait est que cinq jours après avoir reçu le président français, le 24 février, le premier ministre annonçait la dissolution de l’assemblée nationale, un an à peine après avoir remporté à la tête de son parti Thai Rak Thai une victoire massive aux législatives. Il précise alors que la nouvelle assemblée nationale aura pour charge d’entreprendre des réformes constitutionnelles avant une nouvelle dissolution, un an plus tard. Un coup de poker dont on ne sait toujours pas, fin avril, s’il s’avèrera gagnant.

    L’annonce d’un nouveau scrutin pour le 2 avril n’a en effet pas réglé ce qui est apparaît comme étant “le problème Thaksin”. Les manifestants ont continué de se réunir à Bangkok pour demander le départ du Premier ministre  et dénoncer son népotisme et la corruption de son entourage. Cette joyeuse troupe de conservateurs royalistes colorés de jaune est emmenée par le patron de presse Sondhi Limthongkul, un des anciens partenaires d’affaires de Thaksin et par le général Chamlong Srimuang, politicien-gourou de la secte Phalang Dharma et surtout tombeur en 1992 du dernier dictateur du royaume, le général Suchinda Kraprayoon. Des milliers de protestataires ont ainsi envahi les 29 et 30 mars le quartier de Siam Square, provoquant le fermeture de Siam Paragon, le tout nouveau centre commercial ultra-luxueux de la capitale. 

    Pour ne rien arranger, les trois partis de l’opposition parlementaire – démocrate, Chat Thai et Mahachon – ont décidé de boycotter le scrutin du 2 avril, officiellement car le Premier ministre a refusé de considérer leurs demandes de réformes constitutionnelles. “En fait, explique un proche des démocrates, ils savaient surtout qu’ils n’avaient aucune chance de l’emporter étant donné le soutien massif dont dispose Thaksin dans tout le pays, hors Bangkok et le Sud profond. Boycotter les élections était le seul moyen de créer une véritable impasse politique”.
    Même si l’on peut se poser des questions sur la légitimité d’un tel boycott, il faut reconnaître que la tactique a porté ses fruits. Le 2 avril, dans 40 circonscriptions, dont 38 dans les provinces du Sud traditionnellement démocrates, les représentants du Thai Rak Thai, candidats uniques, n’ont pu recueillir les 20% des suffrages des inscrits nécessaires à la validation de leur élection.

    Le 4 avril, à 20h30, sous les caméras des chaînes nationales qui ont fait sa gloire, Thaksin Shinawatra tombe avec les honneurs. Après avoir mené le parti qu’il a créé à une victoire sans appel, le premier ministre thaïlandais annonce sa démission, d’un ton calme mais pour une fois empreint d’émotion. Officiellement, il s’agit pour Thaksin de “préserver l’unité du pays” à deux mois des cérémonies marquant le 60ème anniversaire du couronnement de Sa Majesté le roi Bhumibol Adulyadej. Le souverain, qu’il a rencontré dans l’après-midi, lui aurait fait comprendre qu’il valait mieux qu’un autre premier ministre organise les festivités. Alors Thaksin affirme, la voix comme toujours un peu éraillée, qu’il ne sera pas candidat au poste de premier ministre quand celui-ci sera choisi par le nouveau parlement. Il dira plus tard – ou fera dire - qu’il envisage de prendre du repos, de voyager en Europe, d’assister à la coupe du monde de football en Allemagne au mois de juin...
    Pour la plupart des observateurs, y compris les manifestants qui décident de cesser provisoirement leur mouvement, en ce 4 avril, l’affaire est pliée : Thaksin sort du jeu politique. Chidchai Vanasatidya, vice-premier ministre et ministre de la Justice, devient effectivement premier ministre par interim en attendant la réunion de la nouvelle assemblée nationale. Et le microcosme politico-médiatique bruisse de conversations sur les remous au sein du Thai Rak Thai, ce parti bâti par et pour un seul homme, qui devra bientôt, croît-on, se choisir un nouveau leader ou imploser en vol alors qu’il détient potentiellement une majorité quasi-absolue au parlement. La communauté d’affaires fait le forcing pour que sorte du lot le ministre du Commerce Somkid Jatusripitak. Mais chacun sait, à son coeur défendant, que c’est Thaksin Shinawatra, et nul autre, qui nommera son éventuel successeur.
     
    Car l’ancien colonel de police, qui reste de loin l’homme politique le plus populaire du royaume, est loin d’avoir dit son dernier mot. “C’est un faux départ, Thaksin n’a nullement renoncé au pouvoir, ce serait aller contre sa nature”, affirme un diplomate occidental.
    Fin avril, il semble nécessaire que le chef du Thai Rak Thai se tienne à l’écart des débats. Il doit laisser passer la houle, probablement jusqu’en juin, après les cérémonies du jubilee royal.
    Les 40 élections partielles du 23 avril n’ont pas débloqué le problème parlementaire : il resterait quatorze sièges non pourvus dans le Sud du royaume, les candidats uniques du TRT n’ayant toujours pas réussi à réunir sur leur nom plus de 20% des inscrits. Et le Parlement, selon la constitution, doit se réunir obligatoirement avant le 1er mai. Il sera plus facile aux amis politiques de Thaksin Shinawatra d’obtenir sans leur figure tutélaire si gênante l’accord de la Cour constitutionnelle pour ouvrir le Parlement sans que l’ensemble des 500 candidats aient été confirmés. Le parti démocrate, par la voix de son étoile montante, l’ancien député de Bangkok Korn Chatikavanij, a exprimé son désaccord sur la procédure employée, mais reste bien inaudible puisque, par son boycott des législatives, il est lui-même à l’origine du blocage et de la présence de presque 100% de députés TRT à l’assemblée nationale.

    Une fois cet obstacle passé, et après la nomination d’un nouveau premier ministre à ses ordres, le milliardaire Thaksin disposera de tous les moyens pour tirer les ficelles et façonner à son idée les réformes promises de la “Constitution du peuple” de 1997. D’une part, la plupart des institutions dites “indépendantes” ont été depuis des mois noyautées par des hommes et des femmes ayant toute sa confiance. D’autre part, les élections sénatoriales du 19 avril l’ont assuré du soutien de la chambre haute. Si les sénateurs, de par la constitution, doivent être indépendants de tout parti politique, les résultats du scrutin ont largement prouvé le contraire. Selon la presse locale, 106 des nouveaux sénateurs sur 200 seraient des proches ou des alliés de membres du Thai Rak Thai et 38 auraient des accointances avec les partis d’opposition. 38 parlementaires : voilà donc tout ce qui reste à une opposition politique laminée par les deux scrutins du mois d’avril.

    S’il a officiellement décidé de s’éloigner pour un temps de la politique locale, dès les semaines qui ont suivi sa “démission”, Thaksin s’est employé à démontrer qu’il en restait un acteur majeur en occupant le terrain de la politique internationale. Il a pris des vacances en Europe et aux Etats-Unis, où il en aurait profité pour rencontrer lors de “visites privées”, George Bush et Tony Blair. De retour à Bangkok pour quelques jours, il devait reprendre l’avion le 24 avril pour une tournée des grands ducs d’une semaine: Angleterre, France, Russie, Japon et Chine. Blair, Chirac, Poutine, Koizumi et Hu Jintao, “des amis” de M. Thaksin, auront droit, lors de “visites privées”, à un briefing sur la situation politique thaïlandaise. Ce long voyage terminé, le “premier ministre en vacances” repartira pour Manille, où il pourra échanger ses idées sur le “People Power” avec la présidente Gloria Arroyo, qui résiste elle aussi depuis des mois à un mouvement populaire visant son autoritarisme.

    Thaksin Shinawatra, assis sur la fortune familiale (1,9 milliards de dollars) que lui a procurée la vente de son empire Shin Corp. en janvier, n’a jamais dit qu’il abandonnait la vie politique. A l’inverse du leader socialiste français Lionel Jospin, qui a aujourd’hui bien du mal à justifier son retour sur l’avant-scène, Thaksin Shinawatra n’a rien promis. Et d’ailleurs ses amis ne cachent pas qu’ils s’attendent à le voir retourner à son poste dans les mois à venir. Le vice-premier ministre Suriya Jungrungreangkit, qui figure parmi sa garde rapprochée en tant que secrétaire-général du TRT, l’a dit franchement lors d’une réunion au siège de son parti : “Nous pensons que d’ici un an [Thaksin] sera de retour en tant que premier ministre”. D’autres pensent, comme l’analyste Thitinan Pongsudhirak, que Thaksin pourrait se satisfaire du poste de président de l’assemblée nationale.

    Quoi qu’il en soit, le retour de Thaksin sur la scène politique à moyenne échéance risque de raviver les tensions entre ses partisans et ses ennemis jurés. On a pu voir, le 23 avril, que la hache de guerre était loin d’être enterrée entre les deux camps : plus d’un millier de supporters du Thai Rak Thai se sont violemment attaqués, à Udon Thani, aux participants d’un meeting de l’Alliance populaire pour la démocratie (PAD), le mouvement de Sondhi et Chamlong. Faute de représentation parlementaire, les quelques millions de Thaïlandais qui ont voté blanc le 2 avril n’auront aucune prise sur les réformes promises par Thaksin. Ils pourraient rapidement avoir envie de voter à nouveau, avec leurs pieds cette fois-ci.
    François Tourane


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