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Par tourane le 4 Novembre 2006 à 11:52
Norodom Ranariddh, prince déçu
Péripétie politique ou fin d'une époque ?
Le prince Norodom Ranariddh, 62 ans, ancien premier ministre cambodgien, s'est
fait exclure du parti Funcinpec qu'il dirigeait depuis plus de vingt ans. Les
nouveaux dirigeants du parti royaliste lui reprochent officiellement de passer
trop de temps à l'étranger il est, à temps partiel, professeur de droit à
Aix-en-Provence. Mais c'est sans doute la volonté affichée du prince de couper
les liens avec le premier ministre Hun Sen et de sortir de la coalition au
pouvoir qui lui a valu sa disgrâce. Suprême humiliation : la princesse
Marie, son épouse dont il se sépare après 40 ans de vie commune, vient
d'accepter un poste de ministre.
Depuis deux ans, tout semble s'écrouler autour
de « Celui qui est fort dans la guerre » et qui a longtemps cru qu'il
deviendrait roi du Cambodge. Il avait les mimiques et la voix haut perchée de
son père, l'incontournable roi Sihanouk. Mais c'est son demi-frère Sihamoni qui
a pris place sur le trône après la « retraite » de Sihanouk, en
octobre 2004.
En 1983, obéissant à son père, Ranariddh avait
quitté sa confortable vie provençale pour diriger les maquisards royalistes qui
luttaient contre le régime pro-vietnamien communiste de Phnom Penh. Il avait
ensuite mené le Funcinpec à la victoire lors des premières élections démocratiques,
en 1993. Evincé par Hun Sen, son co-premier ministre, en 1997, après de
sanglants combats, Ranariddh avait décroché le poste de président de
l'Assemblée nationale après les élections de 1998.
Le prince déchu ne s'avoue pas encore vaincu
et annonce la fondation d'un nouveau parti politique qui portera son nom.
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Par tourane le 22 Octobre 2006 à 12:36
Salut,
Ci-dessous des extraits d'un papier a paraitre dans le numero de novembre du mensuel Gavroche : www.gavroche-thailande.com
Et puis aussi vous signaler que j'ai du censurer deux commentaires sur le papier "Daniel Laine", en raison de leur caractere diffamatoire. C'est dommage, pour une fois que j'avais des commentaires !
A+
FT
Pourquoi le 19 septembre ?<o:p> </o:p>
Le 19 septembre, un coup d'Etat militaire a
renversé le gouvernement de Thaksin Shinawatra. La démocratie thaïlandaise a
pris un coup dans l'aile, mais le peuple semble pour l'instant accepter sans
trop broncher la tutelle militaire.Dix questions et dix réponses sur un événement
historique.<o:p> </o:p>Quelles sont les causes profondes du coup d'Etat militaire du 19 septembre 2006 ?
Réunis autour du général Sonthi Boonyaratglin,
chef de l'armée de terre, les leaders du putsch sont essentiellement intervenus
pour mettre fin à une longue période d'instabilité politique. Il fallait selon
eux « restaurer l'unité du pays ».Depuis près d'un an, les
manifestations pro- et anti-Thaksin se multipliaient. La vente de l'empire Shin
Corp. du premier ministre à la firme singapourienne Temasek, sans payer la
moindre taxe, avait provoqué un scandale. Les élections générales du 2 avril furent
boycottées par l'opposition puis annulées pour vice de forme. « Depuis la
fin de la guerre froide, nous avons compris que notre rôle était de rester en
dehors de la politique. Mais depuis deux ans et demi, la Thailande connaît de
telles divisions (...) que le risque d'un renversement du gouvernement était
devenu grand », expliquait, le 20 septembre, le général Waipote Sinuan, la
veille d'être nommé par la junte à la tête de l'agence de renseignement
nationale (NIA).« Les violations de la constitution, la corruption
de son entourage, les abus de pouvoir avaient érodé la légitimité du premier
ministre. Par ailleurs, Thaksin a commis l'impardonable : il a défié
l'ordre établi et la monarchie, notamment en critiquant durant le mois de
juillet « une personne d'influence en dehors de la Constitution » »,
explique de son côté Thitinan Pongsudhirak, analyste politique et
professeur à l'université Chulalongkorn.
Les observateurs avaient facilement identifié cette personne comme étant
le général Prem Tinsulanonda, le très respecté président du Conseil privé du
Roi.Enfin, le conflit sans fin qui déchire
l'extrême Sud musulman du royaume a sans doute provoqué une fissure irréparable
entre Thaksin et les militaires. Le premier ministre semblait en effet ne
pas vouloir laisser les coudées franches au général Sonthi pour régler le
problème.<o:p> </o:p>Pourquoi
le coup d'Etat a-t-il eu lieu ce jour-là ?Pour s'assurer de la fidélité d'une armée qui
était de plus en plus hostile, Thaksin Shinawatra avait, quelques jours avant
le coup, procédé à des changements importants lors du remaniement annuel de la
chaîne de commandement. Les promotions annoncées devaient installer à de
nombreux postes-clefs des proches de Thaksin.La People's Alliance for Democracy (PAD), la
plus virulente organisation anti-Thaksin, devait, le 20 septembre, organiser
une manifestation au cœur de Bangkok et beaucoup craignaient que les partisans
du premier ministre ne se lancent dans des provocations et que la journée
finisse en bain de sang avec instauration d'une loi martiale par le
gouvernement.Enfin, et c'est un classique du genre, les
militaires ont profité de l'absence du premier ministre, en visite à New York
pour l'assemblée générale des Nations Unies. Il s'agissait sans doute de son
dernier séjour à l'étranger avant les élections prévues en novembre, que son
parti Thai Rak Thai avait de grandes chances de remporter à nouveau.
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Par tourane le 6 Octobre 2006 à 07:18La folle cavale d'un reporter français victime d'un racket au cambodge
Daniel
Lainé, grand photographe français, sous la menace de poursuites
judiciaires s'apparentant à un racket de la police cambodgienne, a dû
fuir le Cambodge et pénétrer en Thaïlande clandestinement. Il m'a raconté son aventure pleine d'adrénaline...
Attablé dans le hall d'un petit hôtel de Sukhumvit, Daniel Lainé a encore leregard un peu halluciné qui suit le réveil après un cauchemar. Ses
premiers mots sont pour rendre hommage au personnel de l'ambassade de
France à Bangkok, qui en un temps record viennent de s'arranger avec
les autorités thaïlandaises pour qu'il puisse s'envoler sans problème
vers la France le soir même. Le grand photographe français, ancien de
Gamma et d'Actuel, a laissé son passeport entre les mains de la police
cambodgienne et franchi la frontière thaïlandaise clandestinement pour
échapper à une sordide affaire de racket.
Pour son « Enquête sur les dérives du tourisme sexuel», tournée au Cambodge en
2003, Daniel Lainé avait filmé un autre Français, Patrick Mercier, qui
avait signé un accord de diffusion. Malgré un visage flouté et une voix
modifiée, ce dernier a été reconnu par sa famille lors de la diffusion
du reportage dans l'émission Le droit de savoir sur TF1.
A l'occasion d'un retour de Lainé au Cambodge fin 2003, Patrick Mercier
a porté plainte contre le journaliste et TF1 pour diffusion de fausses
informations et reportage interdit par les autorités. Sous la
contrainte policière, le photographe a dû s'engager à verser 97.500
euros dès son retour en France. Cette somme, selon lui, devait être
répartie, de façon informelle, entre le Français et les autorités
cambodgiennes.
A son retour en France, Daniel Lainé avait porté plainte auprès des
tribunaux de Créteil et de Phnom Penh pour extorsion de fonds. Revenu
au Cambodge début septembre, le journaliste a été à nouveau interpellé
par la police locale, sous la fausse accusation de détention de faux
passeport, prétexte à une demande de paiement des 125.000 dollars! Les
autorités françaises ont authentifié le passeport, mais la police l'a
conservé et a maintenu l'interdiction de quitter le territoire. C'est
là où commence la folle cavale de Daniel Lainé. Récit brut de
décoffrage.Avant la fuite«J'avais décidé de jouer la carte de la justice cambodgienne, en merendant deux fois aux convocations du juge. Mais je me rendais vite
L'échappée belle
compte que cela ne menait nulle part. Mercier avait retourné les flics
contre moi en racontant que j'étais la troisième fortune de France et
que je pouvais largement me permettre de payer. N'importe quoi! J'étais
en pleine affaire de racket, mais pas seulement une histoire entre deux
Français, car c'était aussi le journaliste Lainé qui était visé. C'est
pour ça que tant de gens en France se sont mobilisés pour m'aider.
C'est grave; c'est une affaire de liberté de la presse, une dérive
dangereuse car n'importe qui peut aujourd'hui décider d'avoir été
diffamé dans un reportage et trouver quelques fonctionnaires corrompus
pour organiser un racket. Je me suis dit: ça commence à sentir mauvais,
les menaces de prison, de procès au pénal... J'aurais pu me réfugier à
l'ambassade, mais j'ai finalement décidé de fuir le pays.»«Je vivais tout seul, caché dans une famille cambodgienne. Un ami m'a
mis en contact avec des passeurs et j'ai organisé mon départ. J'ai pris
un taxi de nuit, vers 21 heures, qui m'a amené à 3 heures du matin à
Poipet [la ville-frontière au Nord-Est du pays]. Je me suis planqué
dans une guest-house. Mais ce n'est que le lendemain soir que nous
avons tenté de passer. Malheureusement, après une longue marche le long
de la frontière, leur téléphone mobile a sonné et nous avons dû
rebrousser chemin pour une raison qui m'est inconnue. Le lendemain,
quand nous sommes repartis, il était 18 heures et il faisait encore
jour. J'avais laissé mes deux gros sacs contenant mon matériel vidéo et
informatique derrière moi, ils devaient passer la frontière dans une
voiture. Nous avons marché longtemps, le long d'un mur, que nous avons
passé par une brèche, avant de traverser une rivière de trois mètres de
large, de l'eau jusqu'au cou. Puis nous avons grimpé un talus, traversé
en courant une route et marché dans la boue des rizières pendant une
heure au moins.
Il faisait nuit noire, au loin on apercevait les lumières de la
ville-frontière thaïlandaise [Aranyaprathet]. A l'approche d'une
maison, les passeurs sont allés parlementer avec ses habitants, moi
caché dans la rizière. Mais au bout d'un instant, ils sont ressortis en
courant et en hurlant ; derrière eux des chiens aboyaient, des lampes
torches fouillaient la nuit. Nous avons filé à perdre haleine à travers
les rizières. Je ne comprenais rien, d'autant que nous étions sensés
retrouver une voiture de ce côté-ci de la frontière. Deux heures plus
tard, nous avions enfin contourné la ville. La dernière épreuve fut la
traversée, avec de l'eau jusqu'à la poitrine, d'un lac absolument
puant, qui nous séparait d'une route très passante. Au bout du lac,
nous avons trouvé une échelle qui nous a menés dans une cahute, où j'ai
pu enfin dormir un peu.
A 6h30 du matin, une moto est venue et m'a emmenée dans une maison
assez confortable, où j'ai pu boire un café et faire sécher mes
vêtements. A dix heures du matin, une voiture a déposé mes deux gros
bagages, caméra et matériel intacts. Puis, vers midi, on m'a fait
embarquer dans un camion bâché en compagnie d'une quinzaine de jeunes
filles, qui furent déposées tout au long du chemin. Sept heures plus
tard, à 22 heures le vendredi, j'étais le dernier passager et le camion
entrait dans Bangkok. J'ai appelé l'ambassade de France et ils ont pris
soin de moi.»
FT
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Par tourane le 29 Septembre 2006 à 09:52
Bonjour !
Le coup d'Etat ne devrait rien changer aux mesures annoncées en septembre et concernant le séjour des étrangers en Thaïlande. En attendant de vous faire le point sur la situation politique (on attend le nom d'un premier ministre pour ce week-end), voici le papier que j'ai pondu pour le numéro d'octobre de Gavroche sur cette histoire de visas :
Bangkok, 29/09/06
Par François Tourane
C'est la panique! Des dizaines de milliers d'étrangers, résidents
plus ou moins permanents, pourraient voir les portes du royaume leur
claquer au nez dans les mois à venir. Depuis le 1er octobre, de
nouvelles règles, tombées du ciel courant septembre, s'appliqueront à
tous ceux qui se contentaient jusqu'ici de sortir chaque mois du pays
pour obtenir à leur retour un simple tampon sur leur passeport.
Désormais, ces exemptions de visas (faussement appelées Visa On
Arrival) ne pourront être accordées que 90 jours au total sur une durée
de six mois. Lorsque ce total sera atteint, il faudra ensuite patienter
trois mois à l'extérieur du royaume pour pouvoir en bénéficier à
nouveau.
Vivotant de petits boulots, enseignant l'anglais ou le français
dans des écoles peu soucieuses de leur octroyer un permis de travail ou
tout simplement profitant de la vie locale grâce à quelque allocation
(le RMI pour certains Français), ces «indésirables» ne payent pas
d'impôts en Thaïlande même s'ils sont partie intégrante de l'économie
du royaume et y dépensent l'essentiel de leurs revenus. «80% des
professeurs de français à Bangkok travaillent sans visa, énormément de
professeurs d'anglais aussi. Mais si les visas touristiques ne sont pas
touchés, ils pourront s'organiser autrement. Avec un visa de tourisme
et ses extensions sur place, on peut rester jusqu'à trois mois et une
semaine, la durée d'un semestre», explique Pascal Santié, président de
l'association des francophones enseignant dans les établissements
publics en Thaïlande (AFEP Thai).
Nombre d'autres étrangers con-cernés sont à la tête de petites
entreprises, gèrent des bars ou des restaurants au nom de partenaires
thaïlandais. Et ceux qui envisagent d'acheter un appartement d'une
valeur supérieure à 3 millions de bahts pour obtenir un «visa
d'investisseur» ne seront pas épargnés: ce visa est purement et
simplement supprimé pour les nouveaux investisseurs!
La grande mode des «visa-runs», ces voyages express aux frontières
du royaume, est apparemment close. Après trois exemptions de visas
réglementaires de 30 jours, il faudra au minimum obtenir un visa de
tourisme de deux mois. Mais il semble que les ambassades de Thaïlande,
dans les pays voisins, au Laos par exemple, aient déjà pour mission de
scruter avec attention les pages des passeports avant de les accorder
et de ne pas accorder plus de trois visas de tourisme d'affilée.
Les nouvelles règles de l'Immigration pourraient aussi remettre
en cause le rôle de plaque tournante que joue la Thaïlande pour les
expatriés vivant dans les pays voisins. «C'est un truc de fou», réagit
Loris Mattis, expatrié au Cambodge. «C'est une question énorme pour des
milliers d'expats de la région qui vont à Bangkok pour un oui ou pour
un non plusieurs fois par mois.» Les grandes cliniques privées de
Bangkok, qui comptent sur ces clients réguliers, devront-ils revoir
leurs prévisions de fréquentation ?
Enfin, le casse-tête s'annonce sévère pour les compagnies
aériennes qui risquent, par principe, de refuser désormais l'accès à
bord à toute personne embarquant pour la Thaïlande et non munie d'un
visa en bonne et due forme.
A l'heure où les incertitudes politiques pèsent lourd sur les
investissements étrangers, le message envoyé à la communauté des
«indésirables» semble clair: si vous souhaitez vivre en Thaïlande,
attendez d'avoir 50 ans pour bénéficier d'un visa de retraité ou
mettez-vous rapidement à la recherche d'un permis de travail et
tenez-vous prêts à payer des impôts. Personne ne s'attend vraiment à
voir les auteurs du coup d'Etat du 19 septembre revoir la copie.
CE QUI VA CHANGER
- Les exemptions de visas seront désormais accordées jusqu'à un
total de 90 jours. Ensuite, il faudra patienter 90 jours avant de
revenir en Thaïlande ou se procurer un visa de tourisme ou d'affaires
dans une ambassade thaïlandaise.
- Les visas accordés aux investisseurs de plus de trois millions de
bahts (généralement l'achat d'un appartement) ne seront plus délivrés.
Ceux qui disposent déjà d'un tel visa pourront par contre continuer à
obtenir des extensions d'un an.
- Les enfants de retraités n'obtiendront plus automatiquement de
visas, ils devront prouver qu'ils poursuivent leur éducation scolaire
en Thaïlande.
- Les visas de «mariage» seront soumis à un délai d'enquête d'un
mois. Un visa de 30 jours sera délivré à l'époux étranger d'un ou une
Thaïlandais(e), à l'issue duquel une prolongation d'un an sera accordée
si la réalité de la vie commune a été constatée par les autorités.
2 commentaires -
Par tourane le 25 Septembre 2006 à 17:33Les généraux birmans aiment
les symboles. Ces dernières semaines, ils n'ont pas manqué de faire
savoir au monde qu'ils avaient mis au pas l'armée de Dieu. La
dizaine d'ex-guerilleros karen qui ont rendu les armes à la mi-juillet
dans le Sud du pays n'avaient pourtant rien de très menacant - la plupart
arrivaient directement d'un camp de refugiés sur la frontière thaïlandaise.
Mais à leur tête se trouvait Johnny Htoo, 18 ans, devenu avec son
frère jumeau Luther l'icône de la lutte armée du peuple Karen contre
la junte.Avant même de sortir de l'enfance,
Johnny et Luther avaient pris la tête d'un groupuscule armé. A 10
ans, sur les conseils d'esprits combattants de la montagne, leur
Armée de Dieu avait mis en déroute des soldats birmans qui attaquaient
leur village. Leurs partisans, une troupe de 100 à 200 soldats chrétiens
et animistes, leur prêtaient toutes sortes de pouvoirs magiques, en
premier lieu celui d'arrêter les balles. On dit aussi qu'ils pouvaient
tuer rien qu'en pointant leur arme vers le sol et que Johnny avait la
faculté de se transformer en vieillard. Les deux gamins, cigare birman
en bouche, commandaient à la vie spirituelle de leur secte guerrière,
interdisant à leurs hommes rapports sexuels, alcool et drogues. Notre
collègue Thierry Falise, correspondent de l'Express, avait fait de
ces enfants-soldats les héros d'un roman*.L'armée de Dieu, de fait,
n'existe plus depuis six ans. En 2000, quelques mois après la désastreuse
attaque d'un hopital thaïlandais par une dizaine de leurs partisans,
les jumeaux s'étaient rendus à l'armée thaïlandaise. Ils vivaient
depuis dans un camp de refugiés pres de la frontière. Errant dans
les ruelles poussiéreuses, une bible à la main, ils semblaient à
la recherche de leur enfance. Ils avaient troqué leur AK47 pour une
guitare. Et puis Luther s'est marié à 16 ans, a eu un enfant. Johnny,
lui, avait du mal à se résoudre à abandoner la lutte. Si je pouvais,
disait-il aux journalistes, j'échangerais ma vie confortable ici et
mourrais pour la paix de la Nation Karen. Un matin de juillet, inexplicablement,
il a pourtant laissé son frère derriere lui et quitté le camp pour
rendre gorge aux tyrans de Rangoon.François Tourane
*Les petits généraux de Yadana,
Editions Anne Carrière.
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