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Par tourane le 3 Octobre 2006 à 06:56
Salut !
Alors nous voila avec un nouveau premier ministre
thailandais ! Le 24eme, si l'on compte bien, depuis l'abolition de la
monarchie absolue en 1932. Que dire de Surayud Chulanont ? Comme promis
par la junte, il s'agit d'un civil. Enfin, il s'agit surtout d'un
militaire a la retraite, ancien commandant supreme des armees, membre
du Conseil Prive du Roi (dont il a demissionne pour prendre ses
fonctions), c'est dire que son CV rend assez mal l'impression d'un
representant de la societe civile...Tout cela pour dire qu'avec
les meilleures intentions du monde le general Surayud aura bien du mal
a faire croire a l'opinion internationale que les militaires ont rendu
le pouvoir. D'autant que la junte, qui a pris le nom de Conseil
National de Securite, se reserve dans la constitution interimaire la
possibilite de demettre le Premier ministre.Surayud dispose
cependant, a l'oree de son mandat, de quelques atouts. Tres respecte de
la population, il a toute la confiance du monarque et de son plus
proche conseiller le general Prem (encore un militaire). Il a la
reputation d'un homme integre, qui a tente, lors de son passage a la
tete de l'armee, d'y faire disparaitre une corruption rampante. Il fut
aussi l'avocat, paradoxalement, de la fin des rapports ambigus entre
l'armee et le monde politique (on voit ce que ca a donne...). Enfin, et
cela n'est pas de moindre importance, il a eu sous ses ordres tous les
generaux qui ont mene le coup d'Etat du 19 septembre.Surayud
aura pour tache, outre la gestion des affaires courantes, de remettre
la democratie thailandaise sur pied. Cela implique la redaction, par un
concile d'une centaine de personnalites issues d'un organe "legislatif"
de 250, nomme par le nouveau gouvernement et la junte, d'une nouvelle
constitution dans un delai de six mois. Cette constitution sera ensuite
soumise a referendum. Il s'agira, si je ne me trompe, su premier referendum organise dans le pays. Mais quand on sait qu'il a fallu plusieurs annees pour
rediger la precedente constitution, on imagine les difficultes a venir.La
tache du general - pardon, premier ministre - Surayud sera certainement
plus aisee du jour ou le gouvernement aura retrouve une legitimite
internationale. Cela implique notamment que le siege de la Thailande a
l'Onu lui soit retourne au plus vite. D'apres la presse locale ce
mardi, les Etats-Unis ont entame des discussions avec Surayud par
l'intermediaire de leur ambassadeur. La reconnaissance de sa legitimite
pourrait donc ne pas tarder, d'autant que personne ne voit aujourd'hui
Thaksin Shinawatra, le premier ministre depose, revenir en Thailande
dans un avenir proche.La preoccupation immediate du nouveau
pouvoir est d'ailleurs de mettre en pieces le parti Thai Rak Thai de
Thaksin. Avec deux axes : les enquetes sur la corruption au sein du
gouvernement precedent et le nettoyage du parti par le vide : une
centaine d'anciens deputes ont, par exemple, quitte le TRT hier.Surayud
FT
a du pain sur la planche. Il devra en outre garder un oeil sur les
principaux indices economiques du pays et rassurer les investisseurs.
Bon courage !
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Par tourane le 25 Septembre 2006 à 18:01
Alors, apres ces quelques papiers en retard - je suis le Lagaffe du blogjournalisme -, deux-trois infos sur la situation en Thailande.
C'est toujours tres confus. Etant donne les mesures prises a l'encontre des medias (ex : des centaines de radios communautaires ont du cesser d'emettre) et des partis politiques (tout simplement interdits de reunion), la junte thailandaise du general Sonthi semble appliquer a la lettre la recette locale du coup d'Etat militaire. L'avertissement lance aux medias etrangers samedi nous a tous fait herisser les poils. Le CDR a demande au ministere des Affaires etrangers de prendre des mesures de represailles contre les journalistes etrangers qui auraient "insulte la monarchie" dans leurs reportages (lire ci-dessous). Aussi bien CNN que la BBC et deux agences de presse (AFP et AP) ont evoque le role de Sa Majeste dans les evenements des jours precedents et ca n'a pas du plaire en haut lieu.
Enfin, d'un autre cote, les militaires affirment toujours qu'ils remettront le pouvoir a un gouvernement civil d'ici le debut de la semaine prochaine, apres avoir etabli une constitution provisoire. Deux (petites) manifestations pro-democratie ont egalement eu lieu hier et aujourd'hui, rassemblant quelques dizaines de manifestants (etudiants pour beaucoup), sans la moindre arrestation ni la moindre friction avec la police.
Mon analyse, c'est que Sonthi et ses hommes ne sont toujours pas surs d'avoir definitivement mis hors-jeu Thaksin et ses allies. Ils ont mis a bas un tel colosse politique et financier qu'ils ont un peu de mal a le ficeler et craignent qu'il ne se reveille avant d'etre neutralise. D'ou leurs mesures extremes contre la presse (pour empecher Thaksin de parler aux "masses populaires") et contre les partis politiques (paralyser le Thai Rak Thai) et contre l'empire financier de Thaksin (enquetes de la Commission anti-corruption relancees) et contre, enfin, les allies au sein du systeme (des dizaines d'officiers de haut rang, police et armee, ont perdu leur poste).
Beaucoup seront tentes de donner a la junte ces quelques jours de repit pour eviter que le cauchemar d'un retour de Thaksin soit ecarte. Mais il semble, d'apres les echos qui me parviennent, que les tenants de la democratie - mouvements etudiants et syndicalistes - ne soient guere enclins a laisser la junte s'installer au volant plus que les deux semaines requises. Tout cela dependra en grande partie de la personnalite civile choisie pour le poste de premier ministre. Je ne vais pas vous faire la liste des pretendants et des pretendus, elle change toutes les heures... Un seul nom retient vraiment l'attention de la communaute internationale : celui de Supachai Panitchpakdi, l'ancien directeur general de l'OMC...
J'essaie de vous tenir au courant
A+
FT
Thai junta vows action against foreign media over coup reports
Thailand's military leaders warned Saturday they would "retaliate"
against foreign media they said had insulted the revered monarchy in
reporting their coup, a junta spokesman said.
"At
today's meeting top military leaders asked the foreign ministry to
urgently retaliate against foreign reporters whose coverage has been
deemed insulting to the monarchy," deputy spokesman Major General
Thaweep Netniyan told reporters.
Thaweep, speaking at a press
conference after a three-hour meeting of the generals, did not name the
foreign media organisations or dispatches deemed offensive and did not
specify how the regime would retaliate.
Insulting the king is a serious criminal offense in Thailand, punishable by up to 15 years in prison.
The
junta also instructed the foreign ministry to quickly "clarify" the
situation in Thailand with other countries as well as the foreign media
via Thai embassies and military attaches.
"Diplomats here may be summoned again to explain the situation," he said.
Agence France-Presse
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Par tourane le 24 Septembre 2006 à 07:22
Salut,
Ce blog s'est endormi pendant quelques mois mais reprend vie en raison de l'actualite brulante en Thailande.
Je vous livre une premiere analyse. D'autres news suivront.
A+
Le gouvernement de Thaksin Shinawatra a ete renverse mardi soir par un coup
d'Etat mene par les principaux chefs de l'armee (terre, marine, air) et le chef
de la police.
A la tete du "Conseil de reforme démocratique sous le systeme democratique
avec le roi comme chef d'Etat"(CRD) qui a remplace cette nuit le
gouvernement se trouve le general Sonthi Boonyaratkalin, un fidele du roi
Bhumibol. Certains medias precisent qu'il est le premier premier ministre
musulman du pays, mais je pense que c'est de moindre importance. Il a ete en
charge de regler le probleme de la violence separatiste dans le Sud et sa religion n'a servi
de rien.Sans aller jusqu'a dire que le palais a
favorise le coup d'Etat, on peut affirmer que le Roi approuve pour l'instant la
prise de pouvoir des militaires, ayant souvent critique lui-meme la gestion du
gouvernement Thaksin. Outre les accusations d'enrichissement personnel, de
corruption, d'evasion fiscale, d'atteintes aux droits de l'homme, c'est a mon
avis les velleites de toute-puissance economique et politique de Thaksin qui
ont finalement provoque sa chute. Il voulait prendre la place du souverain
et les militaires l'en ont empeche. Bref, c'est clairement un « coup
d'Etat royaliste ».Ici, a Bangkok en tout cas, la population
semble soulagee de voir l'epilogue de la crise provoquee par l'attitude de
Thaksin et la politique menee par son administration. Le CRD n'a pas
tout-a-fait tort lorsqu'il affirme que le premier ministre depose avait divise
le pays comme jamais auparavant. La ligne de rupture entre pro- et anti-Thaksin
ne separait pas seulement paysans du Nord (pro)
et citadins du Centre et du Sud (anti), mais faisait aussi des ravages entre
amis, parents, collegues de travail.Les premieres mesures prises par le
gouvernement militaire sont contradictoires :D'un cote il a cherche a donner des
gages : promesse d'un gouvernement civil nomme dans moins de deux semaines,
promesse de se conformer a la charte des droits de l'homme des Nations Unies,
promesse d'une nouvelle constitution et d'elections libres dans un an au plus
tard...De l'autre, il a multiplie en trois jours les
signes qu'un regime de fer se met en place : interdiction des partis
politiques, des manifestations de plus de cinq personnes, arrestations
arbitraires d'anciens ministres ou partisans de Thaksin Shinawatra, censure
annoncee des medias audiovisuels et internet, la presse ecrite devant « s'auto-censurer ».On peut, non pas comprendre, mais expliquer
ces mesures par la peur des militaires de voir Thaksin mobiliser ses millions
de supporters par l'intermediaire des medias et de ses reseaux. En effet, comme
me le disait hier un analyste politique thailandais, il n'y a aucun doute que
si des elections etaient organisees demain et que Thaksin pouvait y prendre
part, il remporterait la majorite des sieges. Les foules de paysans qu'il a
nourries de subventions et de grands discours pendant ses cinq ans au pouvoir
lui sont encore reconnaissantes. Et sa fortune, 1,9 milliard de dollar, peut
s'averer un outil convaincant dans un pays ou l'achat des votes est une
tradition.Enfin, il faudra attendre un peu pour
connaître les veritables intentions des nouveaux maitres du royaume. Avec une
touche d'optimisme que je vous livre : le roi, depuis de nombreuses
annees, s'est fait l'avocat de la democratie et de la liberte d'expression. Ses
fideles, esperons-le, doivent avoir la meme vision que lui.Jetons un œil sur l'opposition politique.
Aujourd'hui, le parti Thai Rak Thai est decapite. Il tenait essentiellement sur
les epaules d'un seul homme, son fondateur Thaksin. Et les veritables
« tetes de Turc » qui auraient pu le remplacer ou relancer le parti sont
aujourd'hui detenus par les militaires, du vice-premier ministre Chidchai Vanasatidya
aux conseillers de Thaksin Newin Chidchob et Yongyudh Tiyapayrat. Le siege du
parti est desert depuis mardi soir. A mon avis, les seuls phenix capables de
renaitre des cendres du Thai Rak Thai sont les deputes fortement implantes dans
les provinces campagnardes du Nord-Est et du Nord, qui etaient deja les
parrains de ces territoires bien avant la venue de Thaksin.Le parti democrate, principal parti d'opposition
au TRT, se voit l'herbe coupee sous les pieds alors qu'il s'appretait a
participer a des elections, en novembre, avec de bonnes chances de figurer
honorablement. Dans les jours a venir, avec l'interdiction des partis
politiques et le muselage des medias audiovisuels, les democrates vont perdre
de la puissance vocale. Abhisit Vejjajiva, le jeune leader dynamique du parti, a
demande aujourd'hui jeudi que les prochaines elections se tiennent dans moins
de six mois, mais il a peu de chance d'etre ecoute.Il faudra par ailleurs garder un œil sur le
parti Chat Thai de Banharn Silpa-Archa, ancien premier ministre et habile
politicien. Son nom etait evoque depuis de longs mois comme possible successeur
de Thaksin, et il pourrait garder dans sa manche un atout de choix, le
gouverneur de la Banque de Thailande Pridiyathorn Devakula, egalement pressenti
pour devenir le premier ministre civil promis par le general Sonthi hier.Enfin, il ne faut pas oublier que les
mouvements populaires dits « de gauche », encore tres presents dans
les milieux universitaires, ne demandent qu'a se reveiller. Ils ont ete mis sur
la touche par les manifestants tres conservateurs du People's Allience for
Democracy (PAD), avec le tycoon Sondhi Limthongkul a leur tete, qui ont demande
dans les rues depuis novembre 2005 le depart de Thaksin. Ils sont restes
silencieux, mais depuis mardi plusieurs petitions circulent sur Internet issues
de cette gauche pro-democratique et qui a toujours combattu, voire fait chuter,
les juntes militaires thailandaises. Certains elements du systeme Thaksin,
eux-memes d'anciens communistes, pourraient etre tentes de les rejoindre.En conclusion, l'intervention militaire de
mardi, sans le moindre coup de feu tire, est sans aucun doute un bienfait a
tres court terme pour la Thailande, car les affrontements entre pro et
anti-Thaksin auraient pu tres mal tourner dans les semaines precedant le
scrutin prevu a l'origine en novembre. Mais a moyen terme, c'est a dire a l'horizon
d'un an qu'ils se sont fixes, les chefs du gouvernement militaire auront le
plus grand mal a concilier leurs deux desirs proclames : maintenir l'ordre
et remettre sur pieds la democratie thailandaise.
FT
PS : Cote communaute francaise, le
lycee
francais international de Bangkok a ferme ses portes mercredi comme
toutes les ecoles, les banques et les administrations. Il a rouvert
jeudi sans
probleme. Les 6000 Francais residents ont ete pries au debut par
l'ambassade de
rester chez eux en attendant que la situation soit plus claire, mais
etant
donne le calme plat qui regne a Bangkok, l'absence de militaires dans
les
principaux quartiers touristiques, il n'y a vraiment rien a craindre
pour
l'instant.
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Par tourane le 23 Mai 2006 à 11:25
Salut !
Tout d'abord un petit mot pour vous demander de m'excuser de cette longue absence sur le blog, trop de papiers à écrire récemment et trop peu pouvant être mis en ligne car pas encore publiés (ou passés à la trappe).
En attendant, un petit point sur la Birmanie :
Ibrahim Gambari, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, a rencontré ce week-end à Rangoon l'opposante Aung San Suu Kyi. Cette visite est exceptionnelle à plusieurs titres :
-C'est la première fois depuis plus de deux ans qu'un envoyé de l'Onu est autorisé à venir en Birmanie.
-c'est -sans doute- la première fois depuis près de deux ans que la Dame de Rangoon sort de chez elle -elle est en détention à domicile - et rencontre quelqu'un d'autre que ses deux bonnes emprisonnées comme elle et son médecin de passage toutes les deux ou trois semaines. Selon plusieurs sources, elle est apparue en bonne forme et pleine d'énergie. mais Dieu sait que les femmes sont capables de cacher leurs douleurs...
-la rencontre entre Gambari et Than Shwe, seigneur de la junte, a eu lieu à Pyanmana, la nouvelle capitale du pays dpeusi janvier, une première pour quelqu'un qui est considéré comme "un envoyé du monde occidental" - même s'il est Africain.
Bon, à part cela, il ne faut pas trop s'exciter : la junte est entrée depuis plusieurs mois dans un processus qui vise à éliminer nommément la LND en vue de soi-disant élections et ces entrevues ne servent sans doute qu'à éloigner un peu le spectre d'une violente condamnation du régime au Conseil de Sécurité. Les militaires birmans sont de grans spécialistes des écrans de fumée et de la poudre aux yeux.
A bientôt
FT
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Par tourane le 17 Mai 2006 à 11:52
Je vous conseille, si vous etes fan d'actualite thailandaise, de jeter un oeil sur le forum suivant. Bon, bien sur, c'est en anglais, mais faut peut etre pas trop en demander...
http://www.thaivisa.com/forum/index.php?showforum=18
A+
FT
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