• Suu Kyi : un triste anniversaire


    Véritable icône de la démocratie, Aung San Suu Kyi a fêté tristement, le 16 juin, son soixantième anniversaire, esseulée dans sa villa de Rangoon, maintenue en isolement depuis deux ans par la junte birmane. Seules ses deux employées de maison ont partagé cette journée avec elle. Comme l'a expliqué récemment Paulo Sergio Pinheiro, rapporteur de l'ONU sur les droits de l'homme en Birmanie, la principale opposante à la junte est dans une “prison virtuelle”.

    Le prix Nobel de la Paix 1991 entre dans le troisième âge, alors que son pays connaît sa troisième ère dictatoriale successive. Après l'ère du vieux Ne Win, décédé en 2002, après la troïka Than Shwe-Maung Aye-Khin Nyunt (ce dernier partage désormais les geôles de ses anciens opposants démocrates), le tout-puissant Than Shwe installe depuis quelques mois aux manettes les prétendants au trône, ses héritiers Thura Shwe Mann, Thein Sein et Soe Win. Et nulle part en vue le moindre indice d'une démocratisation du régime.
    Les démocrates du monde entier, qui réclament à cor et à cris la libération d'Aung San Suu Kyi, peuvent attendre longtemps. Les précédentes mises en liberté de la pasionaria birmane n'ont causé que des ennuis aux militaires. Son immense popularité, dans les campagnes comme dans les villes, a fait craindre à chaque fois aux généraux un soulèvement de la population. Même ses voisins de l'ASEAN n'ont pu convaincre le régime birman. Ce dernier serait même prêt à passer son tour de présidence de la moribonde association régionale pour ne pas desserrer d'un seul cran sa poigne de fer. “Mieux vaut perdre la face que perdre la main”, semble se dire le général Than Shwe, tortionnaire aveugle d'un pays exsangue.

    La volonté de “Daw Suu” de suivre pas à pas la voie de la non-violence tracée par le Mahatma Gandhi est à n'en pas douter courageuse et admirable. On peut cependant douter de l'efficacité de cette tactique au vu des résultats obtenus. Les chefs de la junte ne sont pas des colons anglais !
    La Ligue Nationale pour la Démocratie, le parti d'Aung San Suu Kyi, remporta largement les élections de 1990 annulées par la junte et dispose d'une véritable légitimité démocratique (en comparaison des inexistantes oppositions laotienne et vietnamienne). Mais la plupart de ses leaders sont âgés et brisés par des années de tortures et de prison –beaucoup y croupissent encore. Parmi les plus jeunes supporters de la LND, quelques-uns critiqueraient indirectement Aung San Suu Kyi et se voudraient partisans de méthodes d'opposition plus musclées.
    Pourtant, la Dame de Rangoun, même réduite à l'impuissance et au silence, reste pour tous, en Birmanie et dans le monde, le symbole d'une résistance inextinguible. La fille d'Aung San, père fondateur de l'indépendance du pays, le sait : malgré ses soixante ans, la moitié de son propre destin reste encore à écrire.
    François Tourane

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  • En guenilles, l'air un peu égaré de ceux
    qui retrouvent la lumière, deux cents femmes, enfants et vieillards ont
    émergé le 4 juin de la jungle. Suivant la route, les Hmong ont rejoint
    un petit village du nord du Laos, où la population, surprise, les a
    accueillis à bras ouverts. Ce petit groupe formerait l'avant-garde de 7
    000 à 8 000 montagnards prêts à rendre les armes après trente ans de
    résistance au régime communiste laotien.

    Avec cette reddition
    annoncée, l'une des dernières plaies ouvertes de la guerre du Vietnam a
    commencé à se refermer. La guérilla hmong, formée et équipée par la CIA
    pour lutter contre les communistes dans les années 60, avait continué
    son combat après la prise du pouvoir par le Pathet Lao en 1975.

    «
    C'est une armée de va-nu-pieds, équipée de machettes et d'armes
    légères, mais elle constituait une épine dans le pied des autorités de
    Vientiane », explique un diplomate occidental. Le régime laotien était
    fréquemment vilipendé par les défenseurs des droits de l'homme pour ses
    raids militaires contre ces tribus rebelles retranchées à des jours de
    marche dans la forêt.

    La reddition des Hmong, qui ferait suite à
    plusieurs mois de négociations, a été approuvée par le général Vang
    Pao, ancien chef de l'« armée secrète » exilé aux Etats-Unis



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