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  • et pour vous faire patienter encore, comme promis des photos de Saigon. Ces deux-la prises le meme-jour, a un quart d'heure de route de distance...

     


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  • Bonjour,

    Enfin de retour ! Les vacances se sont prolongees au-dela du raisonnable ! D'ici quelques jours, un papier sur la situation politique en Thailande. En attendant, la critique du dernier book de Jean-Claude Pomonti, le gourou des journalistes francophones de la region - bien qu'il s'en defende ! Je vous conseille de vous le procurer rapidement, meme si vous etes loin d'etre passionnes du Vietnam et de son histoire.

    A+

    FT

     

    Plongee dans le Vietnam d'avant...

    Le titre est trompeur. “Un Vietnamien bien tranquille” n’est pas la biographie d’un seul homme. C’est, bien davantage, celle d’une époque entière. En tirant le portrait du plus fameux espion vietnamien, Pham Xuan ân, qu’il connaît intimement depuis plus de trente ans, Jean-Claude Pomonti nous replonge dans le Vietnam d’avant le communisme, celui des bruits de la guerre et des trafics en tous genres. Et se pose en héritier modeste du Graham Greene d’ “Un Américain bien tranquille”.

    Saïgon, alors capitale du Sud-Vietnam, est l’héroïne dont le charme marque chaque page du récit, cité qui fait encore la belle “à l’aube de lendemains fatalement incertains”, “baromètre de ce qui se passe dans le reste du pays.” Saïgon, ville-fouillis, où vivent un demi-millier de journalistes étrangers, et sans doute beaucoup plus de ces assistants locaux (fixers dirait-on aujourd’hui) dont Pham Xuan ân est l’un des plus efficaces et les mieux renseignés. Et pour cause : le petit homme discret d’une quarantaine d’années, toujours serviable, est l’une des “taupes” de Hanoi les mieux infiltrées. Selon le général Giap, le plus grand stratège vietnamien, ân était véritablement “dans la salle d’opérations américaine”. “Devenu communiste par nationalisme” contre les colons français en 1950, familier du monde des rizières comme de celui des bureaux de fonctionnaires, ân raconte à l’auteur sa vie de cyclo-pousse, de comptable, de professeur de français, puis son quotidien d’espion, son séjour en Californie, son premier emploi de journaliste à Vietnam-Presse, puis les postes plus prestigieux pour Reuters et pour Time magazine. “Je n’ai jamais menti ni dans mes dépêches ni dans mes échanges avec les autres journalistes”, affirme l’ancien espion à son biographe.

    La vie de ân est passionnante mais le récit qu’en fait l’ancien correspondant du Monde à Saïgon puis à Bangkok manquerait de vigueur si l’on n’y trouvait pas aussi une galerie de portraits entrecroisés. On y rencontre, entre autres, John Paul Vann, “petit bonhomme au regard exorbité”, conseiller de l’armée sud-vietnamienne sur les hauts-plateaux, qu’on imagine en colonel Kurtz dopé aux amphétamines, faisant chaque jour déverser des tapis de bombes sur des zones “à pacifier” autour de Kontum. On y retrouve aussi Philippe Franchini, le patron-héritier corsico-vietnamien de l’hôtel Continental, l’auteur de “Continental Saïgon”, véritable lettre d’amour au Vietnam et autobiographie d’un métis mandarin. Son honorable établissement formait alors, avec le café Givral et l’hôtel Caravelle, autour de la place du théâtre, le centre de toutes les rumeurs, de tous les scoops de la première véritable guerre médiatique. Avec l’auteur, on y voit passer Robert Guillain, Philippe Devillers, on relit Bodard ou Paul Mus avec plaisir, on imagine même le bougon Lartéguy s’attabler “à l’heure verte” de Malraux, sur une table en formica du café Givral, toisant avec mépris les déesses aux seins nus de la façade du théâtre municipal. Et l’on se souvient avec une nostalgie virtuelle de toutes ces plumes qui ont porté le deuil de l’Indochine française. Non pas qu’on regrette ces temps troublés, mais les vents de l’Histoire qui soufflent autour de ân et des autres personnages du livre de Jean-Claude Pomonti ont une bien autre allure que l’annonce sur CNN d’un énième attentat au coeur de Bagdad.

    “Chacun a la route de la soie de ses rêves. La mienne se perd dans les dédales des couloirs sombres du Continental.” : l’ouvrage, finalement, est aussi le portrait de son auteur, de ses années de jeunesse, qui dans la fureur et la folie d’une guerre étrangère, ont fait de lui l’un des meilleurs connaisseurs des douleurs intimes et des fiertés du Vietnam. On sent, entre les lignes de Pomonti, notamment lorsqu’il raconte, en trop peu de mots, ses premières années de coopérant au Vietnam, qu’il lui reste des dizaines d’histoires à raconter, à travers la sienne. On les attend avec impatience.

    François Tourane

     Un Vietnamien bien tranquille, l’histoire extraordinaire de l’espion qui défia l’Amérique, par Jean-Claude Pomonti, 189 p., Editions des Equateurs, mars 2006. Site internet : wwww.equateurs.fr

     


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  • salut,

    Thaksin va prendre des vacances et assister a la coupe du mond en Allemagne. Ca c'est de l'info. En attendant, on se dirige vers une impasse politique, puisque les democrates ne semblent pas decides a participer aux 38 elections partielles dans le Sud qui auront lieu finalement le 23 avril. Ils les remporteraient toutes sans le moindre doute (c'est leur fief) mais preferent apparemment que les 20% d'nscrits pour le candidat unique TRT ne soient pas reunis et ainsi bloquer le processus de reunion de l'assemblee nationale et de nomination du premier ministre. J'avoue que je ne comprends pas trop, mais enfin... je n'ai pas a juger ni a donner de lecons (voir l'etat de mon propre pays a l'heure actuelle suffit a rendre un peu d'humilite...).

    Sinon, je m'evade pour Saigon pour une petite semaine, je vous ramene quelques photos et quelques bafouilles...

    A+

    FT

     

     


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  • Quatre icônes des droits de l'homme : Somchai, Supinya, Lu et Chee

    Le combat pour les droits de l'homme a besoin d'icônes, de personnages au verbe haut et au coeur pur qui symbolisent un idéal de justice trop souvent bafoué. La pasionaria birmane, Aung San Suu Kyi, a même dans ce domaine acquis le rang d'idole, enfermée dans sa demeure de Rangoon depuis bientôt trois ans.

    Au mois de mars, quatre “nouveaux” martyrs asiatiques de la cause des droits de l'homme ont fait la Une de l'actualité. Le premier d'entre eux, Somchai Neelaphaijit, avocat et défenseur de musulmans suspects d'appartenir au mouvement séparatiste du Sud de la Thaïlande, disparu le 12 mars 2004, a selon toutes probabilités été enlevé par des représentants des forces de l'ordre et sa famille n'a aujourd'hui plus aucun espoir de le retrouver vivant.

    Angkhana, l'épouse de ce défenseur acharné des droits de l'homme, a reçu en son nom le 10 mars le Prix de la Commission asiatique des droits de l'homme (AHRC). A cette occasion, des officiels de l'ONU, des juges mondialement connus et de nombreux activistes de toute la planète ont rendu hommage à cet avocat courageux. Si cinq policiers ont récemment été jugés pour l'enlèvement de Somchai, un seul en a été reconnu coupable et le nom des commanditaires du crime n'est pas apparu une seule fois.

    Heureusement, toujours en Thaïlande, la justice a par ailleurs fait le gros dos face aux pressions politiques et a acquitté Supinya Klangnarong, dans l'un des procès les plus suivis par la presse internationale depuis longtemps.

    Cette jeune femme charmante et dynamique, pugnace et appliquée, a tenu tête pendant des mois à tous les avocats grassement payés de l'empire des télécoms du Premier ministre Thaksin Shinawatra, Shin Corp, - depuis janvier revendu à la firme singapourienne Temasek. Supinya, secrétaire générale de la Campagne pour la réforme des médias, s'était vu assignée en justice par Shin Corp pour avoir affirmé dans le quotidien Thai Post que la compagnie bénéficiait largement des politiques mises en place par le Premier ministre Thaksin Shinawatra. Elle risquait jusqu'à deux ans de prison et 10 millions de dollars d'amende. Dans un jugement qui fera date dans l'histoire de la liberté d'expression en Thaïlande, le tribunal pénal a acquitté le 15 mars Supinya et ses quatre co-accusés, journalistes du Thai Post. Les juges ont estimé que les compagnies cotées en bourse, comme les personnages publics, devaient être ouverts à la critique dans l'intérêt du public. La jeune activiste a bénéficié depuis le début de son procès d'une couverture médiatique internationale et du soutien des organisations de défense de la liberté de la presse comme Reporters Sans Frontières ou le «Committee to Protect Journalists» américain.

    Supinya nous confiait récemment que, quelle que soit l'issue de son procès, elle continuerait son combat pour la réforme des médias et n'avait aucune envie de s'affilier à un parti politique.

    Toujours en Thaïlande, le chinois Lu Decheng, qui croupit en prison depuis décembre 2004, est victime d'un bras de fer entre la Chine et le Canada. Lu est l'auteur d'une oeuvre d'art qui a particulièrement déplu au gouvernement de Pékin: c'est lui qui, en juin 1989, avait jeté de la peinture rouge sur le portrait de Mao qui orne la place Tian-an-men de Pékin. Considéré comme un des meneurs des manifestations pro-démocratie du “Printemps de Pékin”, Lu, pauvre chauffeur de bus monté de sa province du Hunan, avait été condamné à seize ans de prison. Libéré sur parole en 1998, il s'était enfui de Chine par la Birmanie en novembre 2004, avant d'être arrêté un mois plus tard par la police thaïlandaise pour entrée illégale sur son territoire.

    Dans le cadre d'un programme du Haut Commissariat aux Nations Unies, Lu Decheng devait, le 14 mars dernier, s'envoler enfin pour le Canada qui avait accepté sa demande d'asile politique. Mais la Chine a eu vent de la manoeuvre et exerce aujourd'hui une forte pression sur la Thaïlande pour que Lu reste dans sa prison de Bangkok. A l'heure actuelle, les organisations de défense des droits de l'homme se mobilisent sur son cas, mais elles auraient tort de sous-estimer le poids de l'influence chinoise sur les autorités thaïlandaises: il y a quelques années, le gouvernement démocrate avait fait annuler une grande manifestation de la secte Falun Gong, interdite en Chine.

    Un peu plus au sud, à Singapour, c'est le Docteur Chee Soon Juan, leader du parti d'opposition Singapore Democratic Party, qui se retrouve sous les verrous pour outrage au tribunal. Chee, qui se bat depuis des années pour un changement démocratique à Singapour, passera huit jours en prison pour avoir critiqué l'appareil judiciaire de l'île-Etat. En février dernier, le tribunal l'avait déclaré en faillite personnelle pour n'avoir pu verser 300,000 dollars de dommages et intérêt accordés aux anciens Premiers ministres Lee Kwan Yew et Goh Chok Tong dans un procès en diffamation. Le jugement de février l'a privé de certains de ses droits civiques et notamment celui de se présenter aux élections.

    Derrière ces icônes des droits de l'homme, des milliers d'autres Asiatiques poursuivent le même combat, avec courage et abnégation. Mais sans l'aide de la communauté internationale, politique et associative, les murs sur lesquels ils cognent avec hargne mettront bien plus de temps à être abattus.

    François Tourane


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