• Bangkok : nouveau gouverneur


    Portrait :

    Apirak Kosayodhin dans l'arène<o:p />

    En remportant haut la main l'élection du 30 août dernier, Apirak Kosayodhin est devenu l'un des plus jeunes gouverneurs que la capitale thaïlandaise ait connus. Avec son air de premier de la classe, il entend redonner aux habitants de Bangkok une qualité de vie perdue depuis longtemps dans la pollution ambiante. Mais en<o:p> aura-t-il les moyens ?<o:p /></o:p>

    La poignée de main

    assurée, le regard franc et le sourire naturel, Apirak Kosayodhin est
    gouverneur de la bouillonnante et tentaculaire capitale thaïlandaise depuis
    quelques semaines mais conserve ses habitudes de campagne. A tout juste 41 ans,
    l'espoir du parti démocrate n'est plus tout à fait un jeune loup, mais il a
    encore des crocs bien aiguisés. Il faut dire qu'il a de quoi de sourire :
    il a remporté haut la main (776,578
    voix) une élection dominée médiatiquement par ses deux principaux
    rivaux, la protégée du Premier ministre Paveena Hongsakul (2ème,
    517,718 voix) et le roi de la nuit et du massage Chuwit Kamolvisit (3ème,
    284,298 voix).<o:p>
    </o:p>Jusqu'au début de
    l'année, Apirak Kosayodhin ne s'était
    guère illustré dans la politique. Patron du groupe de télécommunications TA
    Orange (aujourd'hui True), il était plus connu pour ses qualités de manager et
    d'as du marketing. Sa démission pour se lancer dans l'arène politique avait
    fait lever plus d'un sourcil, d'autant qu'il se présentait sous la bannière du
    parti démocrate, en chute libre depuis sa défaite majeure aux législatives de
    2001. Il a sans nul doute bénéficié d'un effet de lassitude (le facteur « bua
    lew »
    ), voire de rejet, de la population urbaine face à l'omniprésence
    et à la toute-puissance du parti Thai Rak Thai du Premier ministre Thaksin
    Shinawatra. Apirak a aussi su séduire la classe moyenne de Bangkok grâce à ses
    deux principaux atouts : son charme et ses qualités éprouvées d'homme
    d'affaires. Son physique de jeune premier, golden boy, a plu aux office girls
    et son parcours professionnel a convaincu une partie des patrons. Originaire de
    Chiang Mai, dans le Nord du pays, il est titulaire d'un MBA en marketing
    assorti d'un diplôme de la Harvard Business School. Avant de rejoindre TA
    Orange pour un salaire mensuel de plusieurs dizaines de milliers d'euros,
    Apirak Kosayodhin était notamment passé par Frito-Lay, une filiale de Pepsi
    Co., où on le crédite d'avoir multiplié les ventes par six en moins d'un an. <o:p />

    Ramasseur de
    poubelles<o:p>
    </o:p>Mais il s'agit
    maintenant pour le bel Apirak, pendant les quatre prochaines années, de mettre
    les mains dans le cambouis et de prouver aux citoyens de la Cité des Anges
    qu'ils ont eu raison de lui faire confiance. Les mauvaises langues prétendent
    déjà que son poste n'est guère plus qu'honorifique. « On sait très bien
    que le gouverneur de Bangkok n'a d'autre autorité que la gestion du ramassage
    des ordures », lui a lancé en septembre un journaliste lors d'une
    conférence au Club des correspondants étrangers de Thaïlande (FCCT). Il
    réplique à cela que cette responsabilité n'est pas négligeable : « Sur
    les 10 000 tonnes d'ordures que nous collectons chaque jour, environ 40%
    pourraient être recyclées et nous allons nous y employer ». Mais Apirak a
    plus d'ambition que cela. « J'ai rencontré rapidement le Premier ministre
    et d'autres membres du gouvernement pour m'assurer que j'obtiendrais le maximum
    de coopération, notamment dans trois domaines prioritaires : le trafic
    routier, la sécurité des citoyens et l'environnement », a affirmé le
    nouveau gouverneur. On l'a d'ailleurs vu, le 20 septembre, surveiller les
    digues qui protègent Bangkok des inondations, sur le fleuve Chao Phraya, au
    nord de la ville. <o:p />

    Se baigner dans les
    klongs...<o:p>
    </o:p>Concernant les
    embouteillages, Apirak reconnaît que « les gens [le] prennent pour un fou
    lorsqu' [il] affirme vouloir régler le problème ». « Il faudrait plus
    qu'une vie entière pour le résoudre !», affirme-t-il avec humour. L'une de
    ses idées est de créer des lignes réservées aux bus, comme à Paris ou à Bogota.
    Une autre d'utiliser la technologie GPS pour indiquer aux voyageurs dans
    combien de temps arrive le prochain bus. Enfin, le nouveau patron de la
    capitale souhaite créer davantage de stations pour les 75 000 taxis et les
    milliers de bus de Bangkok, ce qui permettrait de libérer les voies où
    s'entassent ces véhicules lorsqu'ils s'arrêtent pour prendre ou déposer des
    passagers.<o:p>
    Le deuxième volet de
    son programme, qui inclut un meilleur système de santé, une baisse sensible de
    la criminalité, un meilleur système scolaire, semble plus du domaine de la bonne
    volonté (on dirait « wishful thinking » en anglais), tant ces secteurs dépendent de politiques
    nationales sur lesquelles le gouverneur de Bangkok n'a aucune autorité ;
    ce d'autant plus s'il est d'un parti d'opposition.

    Par contre, dans le

    domaine de l'environnement, certains des projets d'Apirak, s'il trouve les
    moyens de les mettre en œuvre, pourraient nous permettre de mieux respirer à
    Bangkok. Il envisage notamment de créer des mini-parcs un peu partout en ville
    et de planter des milliers d'arbres. Il souhaite « faire nettoyer les 1000
    klongs (canaux) de la ville pour leur rendre une eau claire et encourager
    les gens à ne pas les polluer » - a-t-il copié sur Chirac qui avait un jour
    promis de se baigner dans la Seine et qu'on attend toujours ? Enfin, le
    gouverneur entend développer des quartiers aujourd'hui délaissés, comme le long
    de l'avenue Rama III, et améliorer l'atmosphère à Rattanakosin et autour du
    quartier d'affaires de Silom. « Bangkok doit devenir un centre de qualité
    de vie réputé dans le monde entier », affirme le jeune politicien. Le
    moins qu'on puisse dire est qu'il a du « khanom paing » sur la
    planche.<o:p>
    François Tourane


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