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birmanie : serrage de vis
BirmanieLa chute de la maison Khin Nyunt
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La rumeur d'une lutte de pouvoir au sein de la
Khin Nyunt était l'artisan principal de la "feuille de route" birmane, un plan de réformes en sept points lancé il y a un an, qui devait mener à des élections démocratiques. Sa première étape, une convention nationale en avril dernier, avait été boycottée par la Ligue
junte birmane entre "modérés" et partisans de la ligne dure courait
depuis si longtemps qu'on avait fini par ne plus y croire ; avec la mise au
rencard de Khin Nyunt, numéro trois du régime, le 18 octobre, la fracture est
devenue apparente. Le chef des renseignements militaires a fini par perdre la
partie face au chef de la junte, le général Thanh Shwe, et se retrouve
aujourd'hui assigné à domicile après avoir lâché également son poste de Premier
ministre. Loin d'être un saint, Khin Nyunt était considéré comme un
pragmatique, partisan de réformes en douceur qui auraient permis aux militaires
de conserver une partie du pouvoir tout en donnant des gages à l'opposition représentée
par le prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Cette dernière, assignée à
domicile par la junte depuis plus d'un an, reconnaissait d'ailleurs avoir des
rapports courtois avec Khin Nyunt.Nationale pour la Démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi et considérée comme
"de la poudre aux yeux" par de nombreux diplomates. Les tenants de la
ligne dure au sein de la junte, Thanh Shwe en tête, ont tout fait pour saboter
ce processus, pourtant encouragé par les voisins asiatiques de la Birmanie et certains
pays européens.Un récent remaniement ministériel, en
septembre, avait sonné le glas de cette politique de semi-ouverture. Certains
proches de Khin Nyunt, comme le ministre des Affaires étrangères Win Aung, y
avaient perdu leur place. Et depuis quelques semaines, il semble qu'une large
purge était en cours au sein même des services de renseignements militaires,
véritable armée de l'ombre sur laquelle Khin Nyunt avait assis son pouvoir.
D'après Reporters Sans Frontières, l'arrestation de l'ancien Premier ministre a
été suivie immédiatement de la cessation de publication de 19 journaux et
magazines, dont la censure était assurée par les hommes des services secrets
militaires. Le magazine Living Color était notamment la propriété de Ye Naing
Win, le fils de Khin Nyunt, qui pourrait être prochainement l'objet d'un procès
pour corruption.Avec la mise hors-jeu du clan des
« modérés », la poigne de fer des militaires de Rangoon s'est encore resserrée
d'un cran sur la population birmane. Seuls leurs alliés de Pékin ne semblent
rien y trouver à redire.<o:p> </o:p>
François Tourane<o:p />
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