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cambodge soir, une histoire
Le papier d'un ami très proche !Cambodge Soir : le
Cambodge au jour le jour depuis dix ansLe quotidien en français
de Phnom Penh fête cette année son dixième
anniversaire. A cette occasion, l'Institut de recherche sur l'Asie du
Sud-Est contemporaine publie un ouvrage reprenant certains des
meilleurs articles du journal. Philippe Latour, premier
rédacteur-en-chef de Cambodge Soir, en fait une analyse toute
personnelle pour Gavroche.A la lecture de
« Chroniques sociales d'un pays au quotidien »,
publié par l'IRASEC en ce mois d'octobre 2005, je me sens
envahi par deux sentiments contradictoires : la fierté et la
tristesse. La fierté, c'est celle d'avoir participé, en
1995, au lancement de cette barque fragile, un quotidien francophone
dans l'un des pays les plus pauvres du monde, pour constater, dix ans
plus tard, qu'elle est devenue une vraie vedette de l'actualité
du royaume.On doit ici rendre
hommage à Pierre Gillette, pilier du journal et
rédacteur-en-chef depuis plus de neuf ans. Sa connaissance
profonde des heurts et des douleurs du pays khmer, tout comme sa
volonté de maintenir une ligne éditoriale claire et
indépendante, sont pour beaucoup dans le respect qu'éprouvent
les acteurs de tous bords pour le journal francophone. Les noms de
ses collègues et adjoints français, de François
Gerles à Grégoire Rochigneux (éditeur de
l'ouvrage en question), sont aussi à inscrire au tableau
d'honneur.La survie de Cambodge
Soir doit beaucoup, ne l'oublions pas, au financement fidèle
de la « Francophonie » bienfaitrice. Mais ceux
qui ont donné sa véritable âme au journal, ce
sont les journalistes cambodgiens, dont certains y travaillent depuis
le début de l'aventure. Venus de la section journalisme de
l'Université royale de Phnom Penh, mais aussi d'autres
horizons, les Cambodgiens qui ont fait couler l'encre du journal ont
apporté un regard inédit sur leur peuple et leur pays ;
le tout avec une neutralité et un désir d'approcher la
vérité qu'on ne trouve que peu dans le reste de la
presse locale. Les dizaines d'articles repris dans les « chroniques
sociales » sont avant tout le témoignage d'un
professionnalisme et de méthodes d'enquête digne du
meilleur journalisme français. C'est là un sujet de
fierté complémentaire : Cambodge Soir a formé,
en dix ans, plusieurs dizaines de journalistes cambodgiens dont
certains de très grande valeur, comme Kong Sothanarith, le
correspondant d'RFI à Phnom Penh. Un constat qui va à
l'encontre des idées reçues : malgré les ravages
d'une guerre trentenaire, les Cambodgiens sont toujours capables
d'apprendre, même dans le domaine intellectuel.Malheureusement, sur le
fond, l'ouvrage publié par l'Irasec nous rappelle combien le
royaume du Cambodge a peu évolué en dix ans. Et c'est
ce qui, à la lecture, est source de tristesse lorsque l'on
est, comme moi, très attaché à ce pays. Les six
chapitres des « chroniques sociales » étirent
les fils rouges du sous-développement et du malheur du « petit
peuple » de Sihanouk. Du traumatisme khmer rouge à
la jeunesse désenchantée de Phnom Penh, en passant par
la pauvreté, les luttes sans fin des paysans pour conserver
leurs terres, on ne peut que désespérer et murmurer,
une fois de plus, un lancinant : « Ils ne sortiront jamais
de leur misère... ».Alors, bien sûr, on
peut se forger quelques espoirs en constatant que, depuis les combats
qui ont ensanglanté Phnom Penh en 1997, huit ans se sont
écoulés sans le moindre conflit armé et pour
cause, il n'y a plus qu'une seule armée, celle contrôlée
par le Premier ministre Hun Sen ! On peut également se réjouir
de la disparition de la menace khmère rouge et de la tenue,
toujours hypothétique, du procès international des
bourreaux du peuple cambodgien. On peut aussi rire, de l'éclat
franc et rude qui n'appartient qu'aux Khmers, en lisant les pages des
« chroniques sociales » consacrées aux
croyances et au divin, de ce carambolage permanent entre coutumes
ancestrales et modernité. Mais la pauvreté, les
souffrances, les violences, les maladies le sida, nouveau virus
génocidaire que vivent au quotidien les Cambodgiens
ordinaires et que rapportent les journalistes de Cambodge Soir sont
telles que subsiste un sentiment d'immense gâchis. Les
milliards de dollars de dollars d'aide internationale déversés
sur le Cambodge depuis près de quinze ans semblent s'être
évanouis dans les poches de dirigeants corrompus et de
fonctionnaires internationaux payés rubis sur l'ongle.Dans les années à
venir, nul doute que les journalistes de Cambodge Soir continueront à
dénoncer la misère inique qui empêche le Cambodge
meurtri de fermer ses plaies. Espérons seulement qu'ils
finissent par être entendus.Philippe Latour
Représentant
régional de Reporters Sans FrontièresCambodge Soir :
chroniques sociales d'un pays au quotidienSous la direction de
Grégoire Rochigneux, préface d'Olivier de BernonIrasec, 2005, 221 p.,
Pour savoir comment vous
procurer cet ouvrage, consultez www.irasec.com
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Commentaires
2Lokta LectureMardi 3 Janvier 2006 à 20:08Meilleurs voeux 2006
En cette nouvelle année 2006,quinzième anniversaire de la conférence de Paris POUR LA REHABILITATION du peuple khmer, Je souhaite à notre pays de continuer à faire valoir la justice et la tolérance pour que nous puissions tous vivre ensemble dans la fraternité,dans la légalité devant la loi. Chaque khmer a sa vie,chaque khmer a son droit. Je n'ai qu'une seule passion ,celle d'avoir vu le peuple khmer,au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit aux BONHEURS. De Lokta Lecture,retraité français,9 fois papy.
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merci pour ce petit voyage au cambodge en quelques lignes. je ne sais pas si j'acheterai le bouquin mais c'est sur que j'irai un jour au cambodge.