• le dégoût

    Bonjour,

    Une fort mauvaise nouvelle accompagne mon proche départ de la région :

    voici que Cambodge Soir, journal auquel j'ai participé à son lancement voici douze ans, met la clef sous la porte.

    Non faute de financement, comme voudraient bien le faire croire les membres du CA, mais pour une vulgaire histoire politique, bien expliquée par le communiqué de RSF que je vous copie ci-dessous. Je vous mets aussi plus bas l'article incriminé qui a valu  l'éviction du journaliste Soreen Seelow et la grève de la rédaction qui a précipité la chute de CS.

    Sachez cependant que la résistance s'organise et que nous sommes nombreux à nous battre pour que cet îlot d'indépendance et d'excellence journalistique au Cambodge renaisse rapidement de ses cendres.

    A bientôt

    FT

     


    Cambodge | 13.06.2007

    Reporters sans frontières en appelle à Abdou Diouf après la brutale fermeture de Cambodge Soir

     

    Reporters sans frontières est indignée par la décision des administrateurs du quotidien Cambodge Soir de fermer le journal. Celle-ci intervient après le licenciement abusif d'un journaliste qui avait publié de longs extraits d'un rapport gênant pour les autorités cambodgiennes sur le trafic de bois. L'organisation exprime sa solidarité avec les 14 journalistes et 16 autres employés qui risquent de perdre leur travail.

    "Monsieur le Secrétaire général Abdou Diouf, la Francophonie soutient depuis des années Cambodge Soir, devenu une référence pour la presse francophone en Asie et une pépinière de journalistes français et cambodgiens de talent. Alors même que votre organisation vient de débloquer de nouveaux fonds pour soutenir ce journal, la direction met fin à une aventure de plus de dix ans sous le prétexte de difficultés économiques. Nous vous demandons d'intervenir pour que ce quotidien francophone exemplaire ne disparaisse pas", a affirmé l'organisation.

    Le 12 juin 2007, les propriétaires de Cambodge Soir, et notamment l'un de ses actionnaires minoritaires, Philippe Monin, ont annoncé aux membres de la rédaction que la liquidation du journal et de sa société éditrice, Société des Editions du Mékong, était engagée. La veille, les journalistes avaient entamé une grève suite au licenciement brutal de l'un d'eux, Soren Seelow. Ce dernier avait publié un article très détaillé sur le rapport de l'organisation environnementaliste Global Witness qui implique des proches du Premier ministre Hun Sen dans un trafic de bois. La publication de cet article a provoqué la colère de Philippe Monin et de la directrice du journal qui ont convoqué le journaliste, le 10 juin, pour lui signifier son licenciement.

    Philippe Monin, par ailleurs conseiller de l'Agence française de développement (AFD) auprès du ministère cambodgien de l'Agriculture, avait expliqué à Soren Seelow que son article allait provoquer la colère des autorités et le plaçait en porte-à-faux.

    Le gouvernement cambodgien a interdit la diffusion d'extraits de ce rapport, tandis que le frère du chef du gouvernement, Hun Neng, aurait déclaré que si une personne de Global Witness venait au Cambodge, il lui "taperait la tête jusqu'à la lui casser".

    Dans un communiqué de presse en date du 13 juin, la rédaction du journal, en grève depuis deux jours, a dénoncé le licenciement sans préavis de Soren Seelow, les interventions sur la ligne éditoriale et le manque de perspective pour le titre.

    Joint par Reporters sans frontières, Philippe Monin, actionnaire fondateur du journal, a refusé de faire des commentaires.

    Depuis septembre 2006, une nouvelle directrice a été engagée par les administrateurs pour mener, selon les mots d'un journaliste basé au Cambodge qui a souhaité garder l'anonymat, une "entreprise de sabotage". Alors que la rédaction a récemment lancé, notamment avec le soutien de l'ambassade de France, de nouveaux projets tels qu'un site Internet (aujourd'hui mis hors service) et des pages spéciales pour couvrir le procès des Khmers rouges, la directrice aurait préféré affaiblir Cambodge Soir. Ainsi, le travail avec une régie publicitaire a été brutalement interrompu en décembre dernier.

    Créé en 1995, ce journal franco-khmer était connu pour son indépendance de ton, par rapport à ses homologues lao et vietnamien. Malgré une circulation limitée (environ 2000 exemplaires) et des difficultés financières récurrentes, il a fortement marqué le paysage médiatique cambodgien et certaines de ses informations étaient reprises dans la presse en khmer.

       
    Déforestation : Global Witness dénonce la saisie de son rapport
    07-06-2007
      
     
    L'ONG Global Witness a dénoncé la décision du gouvernement de saisir son rapport. Le porte-parole du gouvernement réaffirme pour sa part qu'il estime que ce rapport sur la déforestation au Cambodge a été élaboré à des fins politiques.
    Archives CS
    Global Witness a dénoncé par communiqué la décision du gouvernement de saisir les exemplaires de son dernier rapport sur la déforestation, et condamné la violence des propos tenus dans un journal local par le gouverneur de Kompong Cham, Hun Neng, frère du Premier ministre. Le Cambodia Daily daté de mardi cite Hun Neng déclarant que si le personnel de Global Witness venait au Cambodge, il les frapperait “jusqu'à leur casser la tête”. Contacté hier, Hun Neng a refusé de confirmer ces propos : “Je n'aboie pas avec les chiens”, a-t-il simplement réagi.

    Pour Global Witness, “les tentatives de supprimer ce rapport ne le feront pas disparaître”, et “les menaces contre nos employés sont absolument inacceptables”. “De telles intimidations de la part d'un haut fonctionnaire en dit long sur l'engagement du gouvernement à promouvoir les droits de l'Homme et la liberté d'expression”, estime GW. L'ONG conclut son communiqué en estimant que “les réactions à ce rapport soulèvent de sérieuses questions pour la communauté des donateurs”, qui rencontreront le 19 juin le gouvernement pour annoncer l'enveloppe de leur assistance au royaume pour l'exercice 2007.

    L'ambassade de France s'est abstenue de tout commentaire sur le rapport de Global Witness. La Banque mondiale a promis de répondre à un entretien email auquel elle n'a jamais répondu. Le porte-parole de l'ambassade américaine était injoignable hier après-midi. L'ambassade de Grande-Bretagne, dont le pays finance en partie Global Witness, a, elle, accepté de répondre : “La Grande-Bretagne exprime son inquiétude à propos des allégations faisant part d'activités criminelles et d'intimidations personnelles contre les citoyens et des défenseurs des droits de l'Homme décrites dans ce rapport. Les donateurs continuent de faire pression sur le gouvernement au plus haut niveau pour appliquer pleinement la loi sur les forêts et le sous-décret sur les concessions économiques foncières”, a réagi le porte-parole de l'ambassade avant de préciser que si Global Witness reçoit certains financements du gouvernement de Grande-Bretagne, elle est une ONG indépendante.

    Le porte-parole du gouvernement Khieu Kanharith a quant à lui à nouveau dénoncé les “objectifs politiques” de l'ONG. “Global Witness a terminé sa mission au Cambodge qui était financée par des donateurs [lire ci-dessous]. Comment a-t-elle trouvé des financements pour ce rapport?”, s'interroge-t-il. “Ce rapport est politique. Cette organisation a un but louable, mais ses enquêteurs ici ont des objectifs politiques”.

    Soren Seelow      

     

     


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