• A noter, malgré tous les hurlements que vous allez lire dans la presse internationale, que les élections du 2 avril, nonobstant leur caractère artificiel dû au boycott de l'opposition, ont été parmi les moins violentes que la Thaïlande ait jamais connues. Eh oui ! Malgré les bombes à Bangkok et dans le Sud, malgré les campagnes d'intimidation devant le Nation, devant les bureaux de Sondhi, lors du meeting démocrate à ChiangMai, malgré tout cela, on n'a pas, à ma connaissance, enregistré le moindre meurtre directement lié au scrutin. Une première en Thaïlande !

    Quand on vous dit que la démocratie prend racine...

    FT 


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  • Comme promis, un petit papier sur la situation aux Philippines, ou ca ne va guere mieux qu'en Thailande...

    Jamais deux sans trois ? Après Marcos en 1986 et Estrada en 2001, Gloria Macapagal Arroyo n'a qu'une peur : être comme eux ejectée du pouvoir par un People

    Power III, une nouvelle alliance entre la rue, l'église et les
    forces armées. Dame de fer aux yeux de velours, la Présidente
    des Philippines a déclaré l'Etat d'urgence le 25
    février après la découverte d'un complot visant
    à renverser son gouvernement. Plusieurs parlementaires
    d'opposition, des militaires et des policiers ont été
    mis sous les verrous et un quotidien, le Daily Tribune, a été
    brièvement fermé par la police.

    Issue des élites qui gouvernent
    le pays depuis l'indépendance en1946, Gloria Arroyo, par sa
    réaction musclée, risque de s'aliéner davantage
    les classes moyennes et pauvres, déjà alarmées
    par la corruption de son entourage. Mais la Présidente dispose
    toujours de deux soutiens de poids : les chefs de l'armée, qui
    lui ont renouvelé allégeance le 27 février, et
    les Etats-Unis, dont elle est l'un des plus fervents alliés
    dans la lutte contre le terrorisme global.

    FT


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  • Pays où l'ubuesque le dispute au tragique, la Birmanie
    s'emmêle dans ses noms. Au départ, les experts vous le diront, c'est déjà assez
    compliqué : les Birmans n'ont pas de noms de famille et beaucoup d'entre eux
    portent des noms similaires. Il faut ainsi des heures aux organisations de
    défense des droits de l'homme pour vérifier si le nom d'un prisonnier politique
    qui figure sur une liste de détenus libérés n'est pas en fait un vulgaire
    voleur de poule du même nom. La junte militaire au pouvoir a décidé que cela ne
    suffisait pas à rendre les choses assez compliquées. Elle a d'abord, il y a une
    dizaine d'années, changé le nom du pays. Ne dites plus la Birmanie, mais
    l'Union du Myanmar. On n'a jamais su, depuis, si les habitants étaient des
    Myanmarais, des Myanmarois ou des Myanmariotes : l'essentiel de la communauté
    internationale et des médias lui ont conservé son ancien nom et continue à
    appeler Birmans ses habitants. <o:p />


    Alors, pour embrouiller définitivement ses interlocuteurs,
    les généraux ont décidé de changer de capitale et d'en construire une toute
    nouvelle au coeur de la jungle, au Nord de Rangoon.
    Comment s'appelle cette ville ? On ne sait pas trop. Les premières informations
    à son sujet évoquaient “Pyinmana”, le nom du gros bourg à proximité. Mais voilà
    qu'on apprend que la nouvelle capitale est affublée du nom “Naypyidaw”, qui
    veut dire “cité royale”. Dans le même temps, sur la radio d'opposition DVB, un
    employé sur un chantier de construction de la ville expliquait que la
    population locale appelait la nouvelle ville de l'ancien toponyme du lieu-dit,
    soit “Kyetpyay”, qui signifie “poulet en fuite”. <o:p />

    Anecdote qui n'a rien à voir mais qui illustre bien la

    paranoïa du régime : le numéro deux de la junte aurait fait interdire
    l'utilisation des téléphones mobiles dans la nouvelle capitale pour des raisons
    de sécurité. Merdre au progrès, eût dit le Père Ubu!


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  • Thaksin pris au piège<o:p />

    <o:p />Un an après avoir remporté un succès électoral sans
    précédent, le Premier ministre thaïlandais est la cible d'une campagne
    populaire qui vise à le déboulonner. <o:p />

    Il y a un an tout juste, Thaksin Shinawatra semblait avoir

    en poche le destin d'un “homme fort et populaire” comme l'Histoire de la
    Thaïlande en a peu connus. Reconduit au poste de Premier ministre par une
    majorité inouïe (374 députés de son parti Thai Rak Thai sur 500), le
    milliardaire des télécoms affichait une confiance en lui qu'on croyait
    indestructible. Et pourtant, sous les coups de boutoir d'une campagne
    orchestrée par son ancien ami Sondhi Limthongkul, la statue du commandeur
    Thaksin vacille aujourd'hui comme jamais. “La vraie guerre vient juste de
    commencer”, titrait en Une le quotidien The Nation le 10 février, à la veille
    d'une manifestation anti-Thaksin qui a rassemblé des dizaines de milliers de
    Thaïlandais dans la capitale et certaines villes de province.<o:p />

    On ne saura sans doute jamais ce qui a provoqué la colère de

    Sondhi – histoire d'argent ou de pouvoir. Ce qui est sûr, c'est que sa
    mayonnaise, remuée de vendredi en vendredi dans ses shows accusateurs, a
    désormais pris. Depuis le 10 février, c'est une coalition d'opposants qui mène
    la danse : l'Alliance du Peuple pour la Démocratie, outre les partisans de
    Sondhi, rassemble universitaires, étudiants, professeurs, syndicalistes,
    réseaux d'associations en tout genre. Ces activistes, qui appelaient à un
    nouveau rassemblement anti-Thaksin le 26 février, représentent la fine fleur de
    la middle-class de la capitale. Si la Cour constitutionnelle, acquise à
    Thaksin, a rejeté le 16 février la demande de plusieurs sénateurs de lancer une
    procédure de destitution du Premier ministre, les opposants ne désarment pas.
    Des étudiants de Thammasat ont réuni en quelques jours plus de 20000 signatures
    pour demander la démission de l'ancien lieutenant-colonel de police. La presse
    écrite locale n'hésite plus à le traiter de dictateur ou à le comparer à
    Hitler. La presse télévisée, sous son contrôle, ne peut plus éviter de couvrir
    – certes, a minima – les manifestations sous peine de perdre toute crédibilité.<o:p />

    “Le peuple des campagnes fait les premiers ministres, le peuple

    des villes les défait”, ont coutume de répéter les observateurs de la politique
    thaïlandaise. Dans son cas, Thaksin Shinawatra s'est pris lui-même les pieds
    dans le tapis. Plus il se débat, plus le piège tendu par Sondhi et ses amis se
    referme sur lui. On l'accuse de faire profiter par sa politique l'empire Shin
    Corp. aux mains de sa famille : il décide fin 2005 que ses enfants et sa
    belle-famille doivent s'en débarasser. La vente pour 73 milliards de bahts, en
    janvier, d'un des plus grands conglomérats thaïlandais au singapourien Temasek
    provoque la fureur de ses opposants et de la presse. Non seulement la famille
    Shinawatra empoche un confortable bénéfice – Shin Corp valait environ 20
    milliards à l'entrée en fonction du Premier ministre en 2001 -, mais elle ne
    paie pas un satang de taxes, grâce à des artifices fiscaux douteux au point que
    la Stock Exchange Commission de Thaïlande se soit sentie obligée de lancer une
    enquête. Le leader nationaliste, dont personne ne doute qu'il a orchestré
    lui-même la manoeuvre, se retrouve accusé de “vendre les biens du pays à
    l'étranger” – Shin Corp a en poche trois concessions nationales (télévision,
    satellite et téléphonie mobile). <o:p />

    Obligé de lâcher du lest face à la vague montante des

    protestations, le Premier ministre ne fait que libérer ceux qui se croyaient
    sous la menace ou la protection éternelle de son pouvoir. L'Auditeur général de
    l'Etat, Jaruwan Maithaka, dont il a consenti à ce qu'elle soit confirmée dans
    ses fonctions après avoir contesté pendant plus d'un an sa légitimité, s'est
    sentie “renforcée” dans ses convictions de lutter contre la corruption au sein
    des instances gouvernementales. Shin Corp, désormais en mains singapouriennes,
    a décidé de retirer ses plaintes au pénal et au civil contre le Thai Post et la
    pasionaria des médias Supinya Klangnarong. Mais ces derniers, accusés de
    diffamation pour avoir affirmé que Shin Corp avait bénéficié directement des
    politiques du gouvernement Thaksin, se sentent forts au point d'envisager au
    tribunal d'émettre malgré tout un jugement. <o:p />

    Plus grave encore pour le Premier ministre, le Thai Rak

    Thai, parti construit par et pour lui, tangue comme un navire affrontant la
    tempête. “Les rats quittent le navire”, pouvait-on lire dans la presse et sur
    les forums internet, lors de la démission, fin janvier, de la ministre de la
    Culture et du ministre des technologies de l'information (ICT). Les députés
    Thai Rak Thai, notamment la fraction Wang Nam Yen du vétéran Sanoh Thientong,
    sont en embuscade et pourraient se désolidariser du Premier ministre à la
    prochaine embûche ou si la foule des manifestants grossit encore.<o:p />

    Thaksin Shinawatra, selon la plupart des observateurs, n'a

    plus vraiment le choix. Pour retrouver la légitimité que ses opposants lui
    nient aujourd'hui, il devrait dissoudre l'assemblée nationale dans les mois à
    venir, sans doute après les élections sénatoriales d'avril. Des élections
    anticipées prendraient de court les opposants du parti démocrate, toujours
    aussi désorganisés depuis leur cuisante défaite de 2005. Et les électeurs des
    provinces, dont beaucoup restent fidèles à Thaksin et à son image de leader
    pragmatique et nationaliste, pourraient redonner une majorité au Thai Rak Thai.
    Le Premier ministre reste le maître du jeu, mais il n'a plus beaucoup de cartes
    en main.<o:p />

    François Tourane

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  • Le Premier ministre thaïlandais a inventé une nouvelle recette pour doper sa popularité : le reality-show... Adossé à un tableau noir, en bras de chemise face à une tablée de fonctionnaires aux visages luisants de sueur, Thaksin Shinawatra donne la leçon. Personne n'ose l'interrompre. Le Premier ministre thaïlandais se pose, comme toujours, en vedette du spectacle : le show de l'homme fort de Bangkok va durer 96 heures en direct.

    Le « Berlusconi de l'Asie », pour lutter contre l'érosion de son soutien populaire, est le héros, du 16 au 20 janvier, de « Derrière la scène : le Premier ministre », une émission diffusée sur une chaîne du câble créée spécialement. Quarante cameramen et cent techniciens suivent Thaksin dans la province déshéritée de Roi Et. Il y rencontre paysans, commerçants et fonctionnaires pour « leur apprendre à éradiquer la pauvreté ». Fourbu, il rentre le soir dans son QG, une tente installée dans l'arrière-cour d'un chauffeur de taxi.

    Les opposants ont dénoncé ce « show », expliquant qu'il devrait plutôt concentrer ses actions sur la menace latente de la grippe aviaire et les violences dans le Sud musulman.
    Il est tard. Le visage de l'homme fort apparaît au coeur de l'image noire, illuminé par l'écran de son ordinateur portable. Dehors, on entend bien le concert des crapauds-buffles.
    F.T.

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