• un sourire eternel

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  • soir rouge, 1991, Istanbul

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  • C'etait avant huit ans de busheries...

    10 novembre 2000

    Vietnam - Etats-Unis
    Clinton tourne la page

    Bill Clinton n'a pas fait la guerre du Vietnam. Mais il sera peut-être l'homme qui en refermera la plaie, en tant que premier président américain à visiter Hanoi et Hô Chi Minh-Ville - l'ex-Saigon - depuis la fin du conflit, en 1975. Du 17 au 19 novembre, accompagné de sa fille, Chelsea, et d'une très importante délégation de sénateurs, de diplomates et d'hommes d'affaires, Bill Clinton aura à coeur de tourner définitivement la page sur les années de sang et de larmes. Profondément marqués par une guerre qui a tué 58 000 " boys " et 3 millions de Vietnamiens, les deux pays se sont lentement rapprochés depuis quelques années. Hanoi et Washington travaillent ensemble à la recherche des restes des 1 500 soldats américains toujours portés disparus.

    Si le président américain doit assister au rapatriement, depuis l'aéroport de la capitale vietnamienne, de plusieurs corps retrouvés récemment, l'évocation de souvenirs douloureux ne sera qu'une étape de la visite. Bill Clinton se concentrera plutôt sur l'avenir et sur les programmes de coopération, les perspectives commerciales ouvertes aux entreprises américaines.

    Aux yeux des Vietnamiens, Clinton est le véritable artisan du rapprochement entre les deux pays. C'est sous sa présidence qu'ont été rétablies les relations diplomatiques avec Hanoi. Début février 1995, des drapeaux américains avaient ainsi fait la une de la presse locale, même si les investissements n'avaient que très modestement suivi.

    Après des années de tergiversations, un accord commercial d'importance a été signé en juillet entre les deux pays. Il pourrait, selon les experts, permettre au Vietnam de doubler ses exportations vers les Etats-Unis. " L'enjeu du passage de Clinton est énorme, affirme un diplomate occidental en poste en Asie. Cela va pousser le Congrès américain à ratifier l'accord commercial, et donc accélérer l'adhésion du Vietnam à l'OMC. C'est une véritable bouée de sauvetage, car le pays a été déserté par les investisseurs depuis la crise asiatique. " Selon un observateur local, 40 % des expatriés travaillant au Vietnam auraient plié bagage depuis 1998.

    " Cette visite donnera un coup de fouet aux affaires. Elle va nous permettre de travailler beaucoup plus facilement, de légitimer notre présence et celle des autres investisseurs au Vietnam ", explique un entrepreneur américain basé à Hô Chi Minh-Ville.

    Dans un pays qui voue toujours un culte sans partage à Marx et à Lénine, où le parti unique censure la presse et emprisonne les opposants politiques, le président américain devrait profiter de son aura pour rappeler à ses interlocuteurs quelques principes démocratiques. " Droits de l'homme et libertés religieuses seront au menu ", affirment les officiels de Washington. Il serait notamment prévu que Bill Clinton rende visite à Pham Van Man, l'archevêque d'Hô Chi Minh-Ville. Les Américains souhaitent que le président participe également à une table ronde avec des juristes indépendants et des intellectuels. Le numéro un américain pourrait enfin visiter un cybercafé afin d'encourager les autorités à relâcher leur contrôle sur le réseau Internet.

    Le passage du président des Etats-Unis au Vietnam devrait s'effectuer après une rencontre au sommet, à Brunei, avec la plupart des leaders asiatiques, et figure dans le droit-fil des actions de soutien à la réconciliation en Corée. Le périple asiatique de Bill Clinton, même postélectoral, n'est donc pas une " tournée des adieux ". Il marque, au contraire, un retour en force de l'Oncle Sam et de sa diplomatie dans la région, de la péninsule coréenne au Vietnam, via la Chine.

    FT


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  • Thaïlande : le Sud en rage

    <o:p>Le Sud de la Thaïlande s'enfonce un peu plus dans
    la violence. Le 25 octobre, dans la province de Narathiwat, 85 manifestants
    musulmans ont trouvé la mort : 6 sous le feu d'unités anti-émeutes, 79
    étouffés après avoir été entassés comme du bétail dans des camions militaires. La
    riposte du mouvement séparatiste nébuleux qui sème le trouble dans la région
    depuis janvier dernier n'a pas tardé. Dans les jours qui ont suivi, trois
    bombes et plusieurs attaques à main armée contre des bouddhistes ont fait 5
    morts et une trentaine de blessés, dont 12 policiers.</o:p>

    Le gouvernement du Premier ministre Thaksin Shinawatra semble sur le point de perdre tout contrôle de la situation dans les
    trois provinces à majorité musulmane qui jouxtent la frontière malaisienne. Depuis
    le début de l'année, ce conflit latent aurait fait près de 1000 victimes. Le mouvement
    séparatiste, qui n'a ni nom ni leader identifié, serait d'influence islamiste,
    extrêmement organisé et dirigé par des chefs religieux locaux. Il n'aurait –
    pour l'instant – aucun lien avec la mouvance Al-Qaeda.

    Thaksin Shinawatra, malgré les appels au calme du roi Bhumibol lui-même, et face aux critiques demandant la démission de son

    gouvernement, prône toujours l'usage de la force militaire et policière pour
    résoudre le problème. « Cela va encore attiser le ressentiment et la
    colère de la population musulmane, et provoquer des violences encore plus
    graves », pronostique un diplomate occidental.

    FT



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  • Voyages
    de légende


    Laos : en suivant le Mékong

    Dans des remous
    époustouflants, le Mékong se précipite sur les rochers noirs, soulevant à
    plusieurs mètres une brume d'embruns blanchâtres.

    Les chutes de Khon,
    gigantesque turbine naturelle, s'emballent ici depuis des millénaires, dans un
    fracas étourdissant audible à plusieurs kilomètres. Selon une croyance locale,
    un terrible Phi - un fantôme - se cacherait à cet endroit et empêcherait les
    embarcations de monter ou de descendre le fleuve. Nous nous trouvons à
    l'extrême sud du Laos, pays enclavé dont le grand fleuve est la seule mer. On
    imagine l'effarement des premiers explorateurs de la « Mère des eaux », sans
    voix face à cet obstacle infranchissable. Pour Doudart de Lagrée, Francis
    Garnier et leurs compagnons, dont l'expédition remonta le Mékong en 1866, un
    rêve s'est brisé ici : celui d'utiliser le fleuve comme voie commerciale entre
    la Chine et le port, alors français, de Saïgon. Nous remontons en barque à
    moteur jusqu'à Muang Khong, petit village situé sur une île au coeur du fleuve,
    première étape de l'expédition de 1866 après les chutes de Khon. Sur la rive,
    quelques paillotes et des maisons sur pilotis en bois, comme sur toute la
    longueur du fleuve au Laos. Les paysans cultivent sur les berges des légumes,
    des arbres fruitiers, et puisent l'eau pour inonder les rizières. Quelques
    guesthouses, où des routards illuminés refont le monde autour d'un verre de
    Beer Lao... Pour rejoindre, au nord, le temple khmer de Vat Phu, près de la
    ville de Champassak, le mieux est d'attraper sur la route n° 13 un jumbo, une
    camionnette-taxi qu'on partage avec des poulets et des poissons odorants. Le
    sanctuaire du Vat Phu domine la vallée. La plaine s'étend à perte de vue et le
    Mékong, vu d'en haut, ressemble à un long serpent paresseux. Les rizières vert
    fluo dessinent un grand patchwork. Les ruines les plus anciennes datent du
    royaume de Chenla du VIe au VIIIe siècle. Sur les murs du sanctuaire, deux
    splendides apsaras, danseuses célestes aux sourires énigmatiques, lèvres
    recourbées et coiffes somptueuses, n'ont rien à envier à celles d'Angkor Vat.
    La magie de l'art khmer, après dix siècles de mousson, n'a pas pris une ride.
    Dès les premiers siècles de notre ère, le sud du Laos était placé sous
    l'influence khmère. Comme l'explorateur Henri Mouhot, redécouvrant Angkor en
    1859, on se demande « ce qu'est devenu le peuple puissant, civilisé et éclairé,
    auquel on pourrait attribuer ces oeuvres gigantesques ». Celui qui rêve de
    jouer l'aventurier trouvera son bonheur à Um Muang. Ce petit temple
    préangkorien du VIIIe siècle se trouve à 200 mètres du fleuve, à une quinzaine
    de minutes en bateau depuis le Vat Phu. Empêtré dans la jungle, il semble
    abandonné par le temps. L'un de ses deux bâtiments comporte encore quelques
    linteaux sculptés de frises. Un linga aux faces sévères de dieux barbus se
    dresse en son milieu. Quelques rais de lumière percent la forêt dense.

    Un mékong à la couleur pourpre
    En remontant jusqu'à Vientiane, le Mékong trace
    la frontière avec la Thaïlande. Posée sur le fleuve, la ville a perdu beaucoup
    de son charme de capitale la plus paisible d'Asie. La circulation est dense,
    les publicités envahissent les façades. Les pagodes sont peut-être les seuls
    endroits où l'on ressente encore le parfum d'une Vientiane éternelle. Lorsque
    l'expédition Garnier-Lagrée arriva ici, elle trouva une ville fantôme, rasée
    par les Siamois peu de temps auparavant. Ne subsistaient que les deux temples
    de Vat Sisaket et Vat Pha Keo et le stupa géant du That Luang, symbole du Laos,
    encore recouvert de peinture dorée comme pour afficher une richesse que le pays
    n'a plus. C'est à l'heure du soleil déclinant qu'il faut grimper sur le mont
    Phu Si. Ce conseil presque confucéen s'adresse à tous les visiteurs de Luang
    Prabang. L'épreuve des 300 marches est peu de chose, comparée à la vue qui
    s'offre depuis le sommet de cette colline sacrée, poussée comme une bosse au
    confluent du Mékong et de la rivière Nam Khane. Luang Prabang s'étale,
    gigantesque mosaïque de bâtiments coloniaux blanchis à la chaux, de temples et
    de cocoteraies. Le Mékong se pare d'une couleur presque pourpre. A l'est se
    dessine la silhouette du mystérieux mont Phu Suang, qui abriterait l'un des
    quinze nagas, dieux-serpents, protecteurs de la ville. Les Laotiens considèrent
    qu'il est dangereux de s'y rendre : de nombreux paysans n'en seraient jamais
    revenus. En 1861, Henri Mouhot escalada cette montagne pour y étudier la faune
    et mourut quelques semaines plus tard.
    Un parfum d'éternité dans l'ancienne
    cité royale

    Les hommes de Doudart de Lagrée, puis Auguste Pavie, premier
    consul français à Luang Prabang, vinrent apporter « civilisation et protection
    » aux « peuplades » de la région. Mais aujourd'hui, clin d'oeil de l'Histoire,
    des milliers d'Occidentaux viennent ici échapper à leur monde « civilisé ». Ils
    goûtent sérénité et parfum d'éternité dans les rues et les temples de l'ancienne
    cité royale. Le visiteur a d'ailleurs du mal à faire son choix entre les 35
    monastères que compte la cité. Le Vat Xieng Thong, édifié en 1560, est sans
    doute le plus parfait. Dans une de ses chapelles est allongé un bouddha
    magnifiquement paré, fleuron de la statuaire classique lao. Et puis comme un
    cadeau, le calme et la fraîcheur du Vat Pha Mahathat, ou bien un coucher de
    soleil sur les flots du Mékong, depuis la terrasse du Vat Pha Bat Tai, un
    temple vietnamien moderne au sud de la ville. Nous poursuivons la remontée du
    Mékong en speed-boat, sorte de formule 1 du fleuve, barque à fond plat sur
    laquelle on aurait greffé un moteur d'avion. Direction : le Triangle d'or, zone
    frontière entre le Laos, la Thaïlande et la Birmanie. Les embarcations
    remontent le courant en serpentant entre des montagnes de jungle, de plus en
    plus hautes. A 2000 kilomètres de son embouchure, le Mékong est toujours aussi
    large et puissant. De nombreux rochers, au milieu du fleuve, rendent la
    navigation difficile. Dans cette région-là, arriver dans un village laotien, à
    l'écart des circuits touristiques, c'est se retrouver dans la peau du « Barbare
    en Asie » d'Henri Michaux. Il suffit pour cela d'attendre la panne de moteur
    quotidienne, inéluctable avec toute embarcation laotienne. Il faut alors sauter
    à terre, avancer dans la gadoue de la rive. « Falang ma », crient les enfants.
    C'est le signal prévenant qu'un étranger arrive. A l'approche de Huay Xay,
    notre terminus, l'horizon s'élargit, le Mékong serpente dans une large plaine,
    très cultivée. Puis il s'oriente définitivement vers le nord. On aperçoit, dans
    les brumes de la chaleur de midi, les montagnes du Triangle d'or, et au-delà,
    on imagine déjà le Céleste Empire. Le rêve des expéditions du XIXe siècle, qui
    voulaient utiliser le Mékong pour commercer avec la Chine, pourrait bien
    devenir réalité dans les années futures : déjà trois immenses bateaux de
    croisière venus du Yunnan ont accosté ces derniers mois à Luang Prabang.


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