• A deux heures de Bangkok, la province chinoise

    du Yunnan, au nord du Laos, recèle bien des merveilles naturelles et humaines,
    qu'un environnement touristique bien développé permet de visiter en toute
    quiétude.
    <o:p>
    De grandes plaines herbeuses où paissent dans
    un silence venteux des herdes de yaks et quelques chevaux ; des lacs à la
    pureté cristalline, miroirs d'un ciel tourmenté ; des sommets blancs à
    tous les horizons, qui se perdent dans les nuages. Vous voilà au Shangri-La, le
    district le plus septentrional de la province chinoise du Yunnan, à proximité
    de la frontière tibétaine. Shangri-La : du nom d'un mythe bouddhiste
    tibétain, une ère future et un lieu improbable, baigné de paix, d'harmonie
    entre les hommes, de dignité humaine. Et l'on peut effectivement croire, dans
    ces plaines tranquilles, à plus de 3000 mètres d'altitude, que l'on est arrivé
    au bout de sa quête personnelle prescrite par Paulo Coelho, dans une sorte de
    paradis « new age » .</o:p>

    Mais pour parvenir au Shangri-La, en venant de
    Bangkok, il vous faudra en passer par plusieurs étapes, comme une sorte
    d'escalier vers l'émerveillement.

    Le vol jusqu'à Kunming ne vous prendra que deux heures (Thai Airways et China Eastern, environ 9000 bahts). La capitale de la province, grande ville chinoise sans beaucoup d'intérêt, mérite cependant qu'on s'y arrête pour quelques déplacements, notamment au temple des bambous perdu dans la verdure ou dans les « collines de l'Ouest », où une série de monastères domine le lac Dian de plusieurs centaines de mètres.

    Kunming est également une étape pour les
    gastronomes, qui ne manqueront pas les « nouilles de l'autre côté du
    pont ». La recette de cet énorme bol de soupe de nouilles couverte d'une
    légère couche de graisse, aurait été inventée par une femme qui devait faire un
    long trajet pour amener ses repas chauds à son mari. Vous pouvez également vous
    laisser tenter par les petits restaurants tenus, dans une rue du centre-ville,
    par la minorité musulmane. La rue en question, aux maisons traditionnelles,
    vaut en tout cas le détour : c'est l'une des seules à avoir résisté à
    l'appétit des promoteurs qui ont transformé Kunming en alignements de
    cages-à-béton.

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    Sur les berges du lac Erhai

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    Pour quitter Kunming et se diriger vers Dali, étape suivante, mieux vaut prendre le train, deux fois plus rapide que le bus, et qui traverse un paysage tout en collines et en petits villages aux maisons en torchis et aux toits recourbés. La vieille ville de Dali, aux demeures rénovées et aux rues parfaitement pavées, n'est à vrai dire qu'un

    attrape-touristes chinois. On y prend peu de plaisir à y flaner, tant sont
    nombreuses les boutiques de souvenirs, les vendeuses de rue en habit
    traditionnel de la minorité Baï et les groupes de touristes chinois braillards
    qui suivent le drapeau jaune ou blanc et le mégaphone de leur guide. La visite
    des « trois pagodes », un peu au Nord, au milieu de jardins coupés au
    cordeau, ne vaut pas le prix outrageant de 50 yuans (250 bahts) demandé à
    l'entrée. Il vaut mieux consacrer son temps à entreprendre un tour du lac
    Erhai, où de nombreux villages conservent toute leur authenticité. Xizhou,
    l'ancienne capitale impériale du Nanzhao, comprend ainsi près de 80 résidences
    familiales, dont certaines, imposantes, peuvent être visitées. Sur la berge du
    lac, à l'opposé de Dali, un artiste chinois a fait bâtir dans son village situé
    sur une presqu'île une demeure futuriste, toute de verre, de pierre et d'acier.
    On peut la visiter en s'adressant à la Guest-House 5 de Dali, dont le propriétaire
    est un ami de l'artiste.

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    Lijiang à la lumière des lanternes rouges

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    Ceux qui choisiront d'arrêter leur voyage à

    Dali manqueront le joyau urbain de la région : la vieille ville de Lijiang,
    à une centaine de kilomètres au Nord.

    Véritable labyrinthe de petites rues pavées

    entrelacées, parcourue par des canaux à l'eau pure et aux reflets verts de la
    rivière de Jade dont elle tire son nom, Lijiang s'est posée au cœur d'une
    plaine entourée de monts majestueux. Une petite ville si charmante que certains
    étrangers choisissent d'y passer plusieurs mois par an. Bien sûr, ici aussi, les
    touristes chinois envahissent les pavés. Mais la vieille cité, inscrite au
    patrimoine culturel de l'Humanité par l'Unesco, est suffisamment grande pour
    que l'on puisse s'y balader en paix. Et le soir, à la lumière des lanternes
    rouges, lorsque les hordes de touristes ont rejoint leurs hôtels dans la
    nouvelle ville hideuse qui entoure le vieux Lijiang, les promenades n'en sont
    que plus agréables. La culture de la minorité Naxi, qui possède sa propre
    écriture et parvint pendant des siècles à conserver son originalité tout en
    demeurant vassale de l'empire du Ciel, mérite qu'on s'y intéresse de près. On
    visitera notamment la résidence de la famille Mu, qui régna sur le peuple Naxi
    pendant 22 générations et 470 ans, jusqu'en l'an 1723, date à laquelle la
    dynastie Qing décida d'envoyer ses propres officiels pour gérer directement la
    province.

    Au nord de Lijiang, une excursion dans le parc de la montagne enneigée du Dragon de Jade s'impose, même si le porte-monnaie s'en ressent (difficile, au total, de s'en tirer pour moins de 500 yuans – 2500 bahts – par personne).
    Le massif montagneux en lui-même est imposant :

    culminant à 5596 mètres, il figure l'avant-garde orientale de l'Himalaya. Et
    par un téléphérique, il est possible de grimper jusqu'à 4600 mètres, pour
    observer l'impressionnant glacier, le plus au Sud de l'Asie, qui descend de ses
    flancs. De nombreuses balades, à pied ou à cheval, mènent à des paturages en
    altitude, au milieu de denses forêts de conifères où paissent yaks, chevaux et
    chèvres.

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    S'approcher du ciel

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    Même si l'on laisse Lijiang derrière soi à

    regrets, il s'agit ensuite de reprendre la route vers le Nord, pour partir à la
    découverte du mystérieux Shangri-La. La route qui mène à ce paradis perdu se
    fraye un chemin parmi des vallées encaissées, longe un temps le Yang-Tsé,
    fleuve aux remous impétueux et ocres. En chemin, les voyageurs les plus
    téméraires visiteront en deux ou trois jours les gorges du saut du tigre, où le
    fleuve s'emballe au cœur d'un défilé parfois profond de deux mille mètres. Mais
    attention : de nombreux touristes y ont trouvé la mort ces dernières
    années, dans des éboulements qui arrachent sans prévenir les chemins et la
    route.

    Au sortir d'une vallée encaissée, par un col

    embrumé, la route débouche sur un immense plateau verdoyant en été, couvert de
    blanc l'hiver, parsemé de hautes maisons aux murs blancs, aux piliers penchés
    et aux fenêtres décorées. Le district de Diqing, également appelé Shangri-La,
    faisait autrefois partie de la province du Tibet oriental. La ville de
    Zhongdian, en son cœur, est un bled poussiéreux que les Chinois colonisent à
    grand renfort d'immeubles et d'hôtels sans style, même si le vieux quartier, en
    rénovation actuellement, devrait retrouver bientôt un certain charme.

    Les tibétains sont majoritaires dans la région

    et leurs monastères, majestueux « potalas », par leurs ors et leurs
    prestances, indiquent que c'est bien ici que l'on peut s'approcher du ciel
    physiquement et spirituellement. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent se rendre au
    Tibet, encore très cher, trouveront de quoi satisfaire leur désir de connaître
    la culture tibétaine. Ils goûteront, avec circonspection, au thé au beurre de
    yak, humeront l'air des grandes plaines en scrutant les cimes et rouleront à
    vélo ou pataugeront en été dans des prairies aux millions de fleurs. Les
    adeptes de l'alpinisme peuvent entreprendre des treks de plusieurs jours, au
    sein d'un environnement qu'on dit l'un des plus purs de la planète. Ils reviendront
    alors, plein d'usage et raison, s'encrasser les poumons dans notre bonne
    vieille Cité des Anges...
    <o:p>François Tourane
    Encadré
    Guides : « Yunnan », chez Asia
    Horizons (www.asiahorizons.com) et l'incontournable Lonely Planet
    « Chine ».
    A lire aussi : « Searching for
    Shangri-La, an alternative philosophy travelogue », de Laurence J. Brahm,
    chez Higher Education Press (disponible sur place dans les librairies).</o:p>




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  • Cambodge



    Deux rois pour un royaume



    Norodom Sihanouk a décidé de sortir de
    l'Histoire par la petite porte. Acteur majeur de la politique cambodgienne
    depuis plus de 60 ans, le souverain a annoncé en octobre qu'il prenait, à 82
    ans, une retraite bien méritée. Pour des raisons constitutionnelles, le chef de
    l'Etat n'a pas officiellement abdiqué, mais laissé la place à un successeur, en
    l'occurrence son fils Norodom Sihamoni, élu nouveau roi par le Conseil du
    Trône.



    Sihanouk, qui compte passer « le reste de
    son âge » dans sa résidence de Siem Reap, à deux pas des temples d'Angkor
    qui firent autrefois la gloire et la puissance de son peuple aujourd'hui
    miséreux, s'est vu conférer le titre de « roi héros ». C'est loin
    d'être un titre usurpé : la vie de ce fou de cinéma - il a réalisé
    lui-même de nombreux longs-métrages – n'aurait pu être inventée par le plus
    imaginatif des scénaristes de Hollywood. C'est à 19 ans, à peine sorti du
    lycée, que Sihanouk fut mis sur le trône, en 1941, par le régime de Vichy
    français, qui pensait avoir à faire à un jeune aristocrate sans ambition. Mais
    la fonction créant l'organe, le jeune souverain allait prendre la tête d'une
    croisade pacifique pour l'indépendance du royaume, qu'il finit par obtenir de
    la France en 1953. Pour mieux contrôler la politique cambodgienne, Sihanouk
    abdiquait deux ans plus tard au profit de son père Norodom Suramarit et fonda
    un parti, le Sangkum Reastr Niyum (communauté socialiste populaire), qui allait
    remporter largement les élections pendant les quinze années suivantes. Premier
    ministre, puis chef de l'Etat à la mort de son père, Sihanouk joue les
    équilibristes alors que la guerre du Vietnam fait rage à l'Est du royaume. Il
    porte haut le drapeau de l'indépendance et de la neutralité du royaume – il est
    aujourd'hui le dernier survivant des cinq premiers signataires du Mouvement des
    pays non-alignés (Nerhu, Tito, Nasser et Sukarno étaient les autres). Mais ses
    sympathies prudentes pour les mouvements communistes lui vaudront, en mars
    1970, d'être déposé lors un coup d'Etat fomenté en sous-main par les
    Américains. Exilé à Pékin, il reviendra à Phnom Penh quand les Khmers rouges,
    maoïstes fanatiques, prennent le contrôle du pays en 1975. Officiellement chef
    de l'Etat, Sihanouk est de fait un véritable otage de l'Angkar, le régime
    génocidaire des hommes de Pol Pot. Confiné dans son palais, il apprendra, à la
    chute des Khmers rouges en 1979, que plusieurs de ses enfants ont péri dans
    l'enfer des « champs de la mort ». Le retournement de situation qui
    s'ensuit, avec l'installation d'un gouvernement communiste tenu en laisse par
    les Vietnamiens ayant renversé Pol Pot, voit Sihanouk se lancer dans la
    résistance. Son parti royaliste, le Funcinpec, s'allie même avec les Khmers
    rouges ses anciens tortionnaires, pour lutter, sur la frontière thaïlandaise
    contre un régime où le jeune Hun Sen, futur homme fort du pays, fait ses
    premières armes.



    Il faudra douze ans pour que les factions
    cambodgiennes finissent par mettre un terme à ce conflit fratricide en signant,
    en 1991, les Accords de Paris. Et l'immortel Sihanouk, porté par la vague de la
    gigantesque opération de l'ONU – 2 milliards de dollars – qui allait conduire
    aux élections de juin 1993, il remonte cette même année sur le trône pour la
    deuxième fois. Selon ses propres termes, celui que son « petit
    peuple » appelle affectueusement « Monseigneur Papa »,
    « règne mais ne gouverne pas ». Pendant les onze ans qui suivent
    jusqu'à sa « retraite » du mois dernier, le roi Sihanouk a pourtant
    participé activement à la vie politique. Il a tour à tour arbitré en faveur de
    son fils Ranariddh, chef de file des royalistes, ou du Premier ministre Hun
    Sen, par de petites phrases sybillines ou des annotations assassines sur des
    articles de presse, dénonçant la corruption, la déforestation, les inutiles
    querelles politiques. Sihanouk a donc payé de sa personne, pendant sa dernière
    période en pleine lumière, pour sortir le Cambodge et son peuple de
    l'effroyable misère dans lequel le royaume est plongé depuis près de
    trente-cinq ans. Mais l'influence du monarque avait fortement décru ces
    dernières années, comme l'a prouvé son incapacité à résoudre la crise politique
    qui a privé le royaume de gouvernement pendant près d'un an après les élections
    de juillet 2003.



    Fatigué par les ans et miné par la maladie –
    les meilleurs médecins de Pékin le suivent depuis des années pour un cancer de
    la prostate et un diabète – Norodom Sihanouk, après cette vie agitée, a donc
    décidé de passer la main. S'il n'a pas officiellement choisi son fils Sihamoni
    pour lui succéder, il a fortement influencé la décision du Conseil du Trône
    chargé de désigner le nouveau roi. Sihamoni est le seul fils survivant de son
    union avec la reine Monique, sa dernière épouse (Sihanouk a eu six femmes et
    quatorze enfants). Très proche de ses parents, il a passé dernièrement de
    nombreux mois auprès d'eux à Pékin. Célibataire de 51 ans, Sihamoni n'est pas
    très connu au Cambodge. S'il a passé les années « Pol Pot » enfermé
    dans le palais de Phnom Penh avec ses parents, il a depuis longtemps élu
    domicile à Paris, où il occupait jusque récemment le poste d'ambassadeur du
    Cambodge auprès de l'Unesco.



    Artiste, ancien danseur, cinéaste, chorégraphe,
    le jeune souverain ne devrait pas avoir les manies politiques de son père, et
    c'est sans doute pour ça qu'il a été choisi, parmi les dizaines de descendants
    des trois familles royales (Sisowat, An Duong, Norodom) qui pouvaient prétenre
    au trône. Dès 1997, Sihanouk avait exprimé sa préférence pour Sihamoni, selon
    lui seul candidat acceptable, car malléable, pour Hun Sen et Chea Sim, les deux
    hommes-clés du parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir. Mais c'est aussi ce
    qu'avaient pensé les maîtres français du Cambodge en installant Sihanouk sur le
    trône il y a plus de 60 ans. Et bon sang ne saurait mentir...





    François Tourane
    <o:p> </o:p>



    Encadré :



    « J'ai trois mille ans »



    L'extrait suivant d'une pièce de théâtre
    d'Hélène Cixous et Ariane Mnouchkine, jouée à Vincennes en 1985, intitulée
    « L'histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du
    Cambodge », était semble-t-il prémonitoire :



    Sihanouk : « Quand j'étais dans le
    fracas du monde, comme je me suis démené ! J'ai tout vécu, tout gagné,
    tout perdu, j'ai vu juste, j'ai vu faux, j'ai vu trop tôt, je n'ai pas vu le
    poignard dans mon dos, je me suis trompé, je ne me suis pas trompé... » [...]
    « J'ai trois mille ans. Je n'ai plus rien à perdre. Je suis à la pointe du
    temps. Il y a des siècles que Sihanouk est sorti du fleuve. Ici, il n'y a plus d'erreur,
    plus de rage. Devant moi s'étnd l'immense champ tranquille de la légende. Je
    pourrais m'allonger, me reposer. Encore vivant, je suis devenu sage et âgé
    comme les morts. Je n'ai plus la force, le courage de faire les erreurs, la
    course, tout ce qu'il faut faire pour prendre part aux jeux de cette terre. Je
    ne dirais plus rien. »





    Copyright : « Prisonnier des Khmers
    rouges », par Norodom Sihanouk, texte établi avec le concours de Simonne
    Lacouture.




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  • Birmanie

    La chute de la maison Khin Nyunt

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    La rumeur d'une lutte de pouvoir au sein de la
    junte birmane entre "modérés" et partisans de la ligne dure courait
    depuis si longtemps qu'on avait fini par ne plus y croire ; avec la mise au
    rencard de Khin Nyunt, numéro trois du régime, le 18 octobre, la fracture est
    devenue apparente. Le chef des renseignements militaires a fini par perdre la
    partie face au chef de la junte, le général Thanh Shwe, et se retrouve
    aujourd'hui assigné à domicile après avoir lâché également son poste de Premier
    ministre. Loin d'être un saint, Khin Nyunt était considéré comme un
    pragmatique, partisan de réformes en douceur qui auraient permis aux militaires
    de conserver une partie du pouvoir tout en donnant des gages à l'opposition représentée
    par le prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Cette dernière, assignée à
    domicile par la junte depuis plus d'un an, reconnaissait d'ailleurs avoir des
    rapports courtois avec Khin Nyunt.

    Khin Nyunt était l'artisan principal de la "feuille de route" birmane, un plan de réformes en sept points lancé il y a un an, qui devait mener à des élections démocratiques. Sa première étape, une convention nationale en avril dernier, avait été boycottée par la Ligue

    Nationale pour la Démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi et considérée comme
    "de la poudre aux yeux" par de nombreux diplomates. Les tenants de la
    ligne dure au sein de la junte, Thanh Shwe en tête, ont tout fait pour saboter
    ce processus, pourtant encouragé par les voisins asiatiques de la Birmanie et certains
    pays européens.

    Un récent remaniement ministériel, en
    septembre, avait sonné le glas de cette politique de semi-ouverture. Certains
    proches de Khin Nyunt, comme le ministre des Affaires étrangères Win Aung, y
    avaient perdu leur place. Et depuis quelques semaines, il semble qu'une large
    purge était en cours au sein même des services de renseignements militaires,
    véritable armée de l'ombre sur laquelle Khin Nyunt avait assis son pouvoir.
    D'après Reporters Sans Frontières, l'arrestation de l'ancien Premier ministre a
    été suivie immédiatement de la cessation de publication de 19 journaux et
    magazines, dont la censure était assurée par les hommes des services secrets
    militaires. Le magazine Living Color était notamment la propriété de Ye Naing
    Win, le fils de Khin Nyunt, qui pourrait être prochainement l'objet d'un procès
    pour corruption.

    Avec la mise hors-jeu du clan des
    « modérés », la poigne de fer des militaires de Rangoon s'est encore resserrée
    d'un cran sur la population birmane. Seuls leurs alliés de Pékin ne semblent
    rien y trouver à redire.

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    François Tourane<o:p />


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