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Et un papier qui date de cet été pour faire bonne mesure...
Cambodge
« Le Boucher » échappe au jugementTa
Mok a rejoint les âmes damnées de la terre cambodgienne. Agé de 80 ans,
l'ancien commandant khmer rouge est mort le 21 juillet, à Phnom Penh,
alors que venait d'être inauguré le Tribunal international destiné à
juger ses crimes commis sous la bannière de Pol Pot. Les prières de
soixante-douze moines bouddhistes l'ont accompagné dans sa dernière
demeure, dans son fief d'Anlong Veng, près de la frontière
thaïlandaise, longtemps irréductible poche de la guérilla maoïste. Plus
d'un millier de villageois ont participé aux trois jours de cérémonies
religieuses, paradoxe ultime de la vie d'un soldat impitoyable du
mouvement « autogénocidaire » qui a tenté, de 1975 à 1979, d'anéantir
l'idée même de la religion au Cambodge et coupable de la mort de
dizaines de milliers de bonzes et de 1,7 million de Cambodgiens.
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Salut,
Ce blog s'est endormi pendant quelques mois mais reprend vie en raison de l'actualite brulante en Thailande.
Je vous livre une premiere analyse. D'autres news suivront.
A+
Le gouvernement de Thaksin Shinawatra a ete renverse mardi soir par un coup
d'Etat mene par les principaux chefs de l'armee (terre, marine, air) et le chef
de la police.
A la tete du "Conseil de reforme démocratique sous le systeme democratique
avec le roi comme chef d'Etat"(CRD) qui a remplace cette nuit le
gouvernement se trouve le general Sonthi Boonyaratkalin, un fidele du roi
Bhumibol. Certains medias precisent qu'il est le premier premier ministre
musulman du pays, mais je pense que c'est de moindre importance. Il a ete en
charge de regler le probleme de la violence separatiste dans le Sud et sa religion n'a servi
de rien.Sans aller jusqu'a dire que le palais a
favorise le coup d'Etat, on peut affirmer que le Roi approuve pour l'instant la
prise de pouvoir des militaires, ayant souvent critique lui-meme la gestion du
gouvernement Thaksin. Outre les accusations d'enrichissement personnel, de
corruption, d'evasion fiscale, d'atteintes aux droits de l'homme, c'est a mon
avis les velleites de toute-puissance economique et politique de Thaksin qui
ont finalement provoque sa chute. Il voulait prendre la place du souverain
et les militaires l'en ont empeche. Bref, c'est clairement un « coup
d'Etat royaliste ».Ici, a Bangkok en tout cas, la population
semble soulagee de voir l'epilogue de la crise provoquee par l'attitude de
Thaksin et la politique menee par son administration. Le CRD n'a pas
tout-a-fait tort lorsqu'il affirme que le premier ministre depose avait divise
le pays comme jamais auparavant. La ligne de rupture entre pro- et anti-Thaksin
ne separait pas seulement paysans du Nord (pro)
et citadins du Centre et du Sud (anti), mais faisait aussi des ravages entre
amis, parents, collegues de travail.Les premieres mesures prises par le
gouvernement militaire sont contradictoires :D'un cote il a cherche a donner des
gages : promesse d'un gouvernement civil nomme dans moins de deux semaines,
promesse de se conformer a la charte des droits de l'homme des Nations Unies,
promesse d'une nouvelle constitution et d'elections libres dans un an au plus
tard...De l'autre, il a multiplie en trois jours les
signes qu'un regime de fer se met en place : interdiction des partis
politiques, des manifestations de plus de cinq personnes, arrestations
arbitraires d'anciens ministres ou partisans de Thaksin Shinawatra, censure
annoncee des medias audiovisuels et internet, la presse ecrite devant « s'auto-censurer ».On peut, non pas comprendre, mais expliquer
ces mesures par la peur des militaires de voir Thaksin mobiliser ses millions
de supporters par l'intermediaire des medias et de ses reseaux. En effet, comme
me le disait hier un analyste politique thailandais, il n'y a aucun doute que
si des elections etaient organisees demain et que Thaksin pouvait y prendre
part, il remporterait la majorite des sieges. Les foules de paysans qu'il a
nourries de subventions et de grands discours pendant ses cinq ans au pouvoir
lui sont encore reconnaissantes. Et sa fortune, 1,9 milliard de dollar, peut
s'averer un outil convaincant dans un pays ou l'achat des votes est une
tradition.Enfin, il faudra attendre un peu pour
connaître les veritables intentions des nouveaux maitres du royaume. Avec une
touche d'optimisme que je vous livre : le roi, depuis de nombreuses
annees, s'est fait l'avocat de la democratie et de la liberte d'expression. Ses
fideles, esperons-le, doivent avoir la meme vision que lui.Jetons un œil sur l'opposition politique.
Aujourd'hui, le parti Thai Rak Thai est decapite. Il tenait essentiellement sur
les epaules d'un seul homme, son fondateur Thaksin. Et les veritables
« tetes de Turc » qui auraient pu le remplacer ou relancer le parti sont
aujourd'hui detenus par les militaires, du vice-premier ministre Chidchai Vanasatidya
aux conseillers de Thaksin Newin Chidchob et Yongyudh Tiyapayrat. Le siege du
parti est desert depuis mardi soir. A mon avis, les seuls phenix capables de
renaitre des cendres du Thai Rak Thai sont les deputes fortement implantes dans
les provinces campagnardes du Nord-Est et du Nord, qui etaient deja les
parrains de ces territoires bien avant la venue de Thaksin.Le parti democrate, principal parti d'opposition
au TRT, se voit l'herbe coupee sous les pieds alors qu'il s'appretait a
participer a des elections, en novembre, avec de bonnes chances de figurer
honorablement. Dans les jours a venir, avec l'interdiction des partis
politiques et le muselage des medias audiovisuels, les democrates vont perdre
de la puissance vocale. Abhisit Vejjajiva, le jeune leader dynamique du parti, a
demande aujourd'hui jeudi que les prochaines elections se tiennent dans moins
de six mois, mais il a peu de chance d'etre ecoute.Il faudra par ailleurs garder un œil sur le
parti Chat Thai de Banharn Silpa-Archa, ancien premier ministre et habile
politicien. Son nom etait evoque depuis de longs mois comme possible successeur
de Thaksin, et il pourrait garder dans sa manche un atout de choix, le
gouverneur de la Banque de Thailande Pridiyathorn Devakula, egalement pressenti
pour devenir le premier ministre civil promis par le general Sonthi hier.Enfin, il ne faut pas oublier que les
mouvements populaires dits « de gauche », encore tres presents dans
les milieux universitaires, ne demandent qu'a se reveiller. Ils ont ete mis sur
la touche par les manifestants tres conservateurs du People's Allience for
Democracy (PAD), avec le tycoon Sondhi Limthongkul a leur tete, qui ont demande
dans les rues depuis novembre 2005 le depart de Thaksin. Ils sont restes
silencieux, mais depuis mardi plusieurs petitions circulent sur Internet issues
de cette gauche pro-democratique et qui a toujours combattu, voire fait chuter,
les juntes militaires thailandaises. Certains elements du systeme Thaksin,
eux-memes d'anciens communistes, pourraient etre tentes de les rejoindre.En conclusion, l'intervention militaire de
mardi, sans le moindre coup de feu tire, est sans aucun doute un bienfait a
tres court terme pour la Thailande, car les affrontements entre pro et
anti-Thaksin auraient pu tres mal tourner dans les semaines precedant le
scrutin prevu a l'origine en novembre. Mais a moyen terme, c'est a dire a l'horizon
d'un an qu'ils se sont fixes, les chefs du gouvernement militaire auront le
plus grand mal a concilier leurs deux desirs proclames : maintenir l'ordre
et remettre sur pieds la democratie thailandaise.
FT
PS : Cote communaute francaise, le
lycee
francais international de Bangkok a ferme ses portes mercredi comme
toutes les ecoles, les banques et les administrations. Il a rouvert
jeudi sans
probleme. Les 6000 Francais residents ont ete pries au debut par
l'ambassade de
rester chez eux en attendant que la situation soit plus claire, mais
etant
donne le calme plat qui regne a Bangkok, l'absence de militaires dans
les
principaux quartiers touristiques, il n'y a vraiment rien a craindre
pour
l'instant.
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Salut !
Tout d'abord un petit mot pour vous demander de m'excuser de cette longue absence sur le blog, trop de papiers à écrire récemment et trop peu pouvant être mis en ligne car pas encore publiés (ou passés à la trappe).
En attendant, un petit point sur la Birmanie :
Ibrahim Gambari, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, a rencontré ce week-end à Rangoon l'opposante Aung San Suu Kyi. Cette visite est exceptionnelle à plusieurs titres :
-C'est la première fois depuis plus de deux ans qu'un envoyé de l'Onu est autorisé à venir en Birmanie.
-c'est -sans doute- la première fois depuis près de deux ans que la Dame de Rangoon sort de chez elle -elle est en détention à domicile - et rencontre quelqu'un d'autre que ses deux bonnes emprisonnées comme elle et son médecin de passage toutes les deux ou trois semaines. Selon plusieurs sources, elle est apparue en bonne forme et pleine d'énergie. mais Dieu sait que les femmes sont capables de cacher leurs douleurs...
-la rencontre entre Gambari et Than Shwe, seigneur de la junte, a eu lieu à Pyanmana, la nouvelle capitale du pays dpeusi janvier, une première pour quelqu'un qui est considéré comme "un envoyé du monde occidental" - même s'il est Africain.
Bon, à part cela, il ne faut pas trop s'exciter : la junte est entrée depuis plusieurs mois dans un processus qui vise à éliminer nommément la LND en vue de soi-disant élections et ces entrevues ne servent sans doute qu'à éloigner un peu le spectre d'une violente condamnation du régime au Conseil de Sécurité. Les militaires birmans sont de grans spécialistes des écrans de fumée et de la poudre aux yeux.
A bientôt
FT
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Je vous conseille, si vous etes fan d'actualite thailandaise, de jeter un oeil sur le forum suivant. Bon, bien sur, c'est en anglais, mais faut peut etre pas trop en demander...
http://www.thaivisa.com/forum/index.php?showforum=18
A+
FT
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Nouveau changement : la Cour suprême de Thaïlande a annoncé que la date proposée par la Commission Electorale - le 22 octobre - n'est pas valide, car l'ensemble des membres de la CE n'étaient pas présents lors de la réunion qui a décidé de cette date. La Cour Suprême appelle par ailleurs la CE (pro-Thaksin) à démissionner.
Vous n'y comprenez plus rien ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls. Ce qui est certain, c'est que les bras de fer qui se jouent dans l'ombre en ce moment sont particulièrement violents - ils opposent, pour faire court, les partisans de Thaksin, réformistes et libéraux, à la vieille classe bureaucratique qui gère le pays depuis des décennies.
Je vous ferai signe à la fin du match...
A+
FT
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