• Une autre fiche de lecture... beau portrait de la pasionaria birmane Aung San Suu Kyi.

    Le livre est disponible ici

     

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    Suu Kyi, rêve et tragédie d'un peuple

    Cela fait bientôt vingt ans que les étudiants birmans ont vu leurs rêves de liberté anéantis sous les balles. Vingt ans aussi qu'une frêle dame revenue d'Angleterre est devenue le symbole vivant de ceux qui luttent pour la démocratie dans un pays soumis aux lois iniques d'une cruelle dictature militaire. A 61 ans, Aung San Suu Kyi aura passé plus de la moitié de ces années enfermée dans sa villa de Rangoon, détenue à domicile par les hommes du dictateur Than Shwe. Depuis juin 2003, le prix Nobel de la paix est pratiquement coupée du monde extérieur, isolée avec une proche amie et sa fille qui l'aident dans ses tâches de tous les jours. Elle qui avait fini par prendre goût à ces grands meetings populaires où le peuple venait l'écouter par milliers, la voici sans voix – et sans pouvoir.

    La biographie que consacre Thierry Falise à la Dame de Rangoon – et qui vient de sortir aux éditions Florent Massot - arrive à temps pour redonner une voix à celle dont le destin est lié pour toujours à celui de son peuple.

    Le journaliste belge, grand spécialiste de la Birmanie et de ses minorités ethniques, en fait un portrait sensible, fourmillant de détails et de personnages. Il nous fait entrer, avec pudeur et retenue, dans l'intimité de la pasionaria birmane, nous invitant à partager ses longues heures de solitude dans sa résidence de l'avenue de l'université, ses souvenirs, ses regrets et ses espoirs, comme si nous nous penchions par-dessus son épaule. Ce procédé d'écriture aurait pu tourner au voyeurisme ou au badinage, mais l'auteur sait, sans aller trop loin, nous faire sentir la force et la sensibilité qui émane de son personnage.

    Le récit est parsemé des témoignages et des portraits de nombreux proches, diplomates, acteurs anonymes du monde humanitaire ou des affaires. Thierry Falise, on le devine, est tombé comme beaucoup sous le charme de « The Lady ». Mais il nous conte sans mièvrerie les grandes tragédies et les petits bonheurs qui ont émaillé son existence. De la mort sous les balles de son père, le général Aung San, père de l'indépendance birmane, suivie de peu par celle de son jeune frère Ko Ko Lin, au décès loin d'elle de son mari, le chercheur anglais Michael Aris, Aung San Suu Kyi vit entourée de fantômes. Depuis son engagement en politique, elle a très peu vu ses deux fils, Kim et Alexander, qui vivent aujourd'hui aux Etats-Unis. Pour sauver son autre famille, le peuple birman, elle a choisi de sacrifier sa vie de famille. Le récit poignant que fait le journaliste de ces déchirements intimes ne peut que provoquer l'émotion et l'admiration pour cette fragile héroïne. Celui de son long combat politique, de son bras de fer interminable avec la junte, nous mène sur la scène d'un théâtre où se croisent informateurs, tortionnaires, dissidents obstinés et – toujours – les cris d'un peuple écrasé par l'un des régimes les plus durs de la planète.

    Alors, bien sûr, Thierry Falise n'oublie pas de pointer les reproches que lui font même certains de ses partisans. Dure, têtue, parfois trop « birmane » au goût des minorités ethniques, Daw Suu a pu faire des choix politiques controversés, se prononçant par exemple pour les sanctions économiques et contre la venue des touristes en Birmanie. Elle prône toujours, contre l'avis de certains qui voudraient répondre à la junte par les armes, la voie de la non-violence. Comme Gandhi ou Mandela, deux de ses modèles, elle pense que le temps travaille pour elle et qu'aucune dictature n'est éternelle. En refermant « Le jasmin ou la lune », on en est presque convaincu.   

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    Aung San Suu Kyi, le jasmin ou la lune, préface de Jane Birkin,

    par Thierry Falise, éditions Florent Massot, 19,90 euros.

    Pour soutenir Aung San Suu Kyi, rendez-vous sur le site : www.asskfreedom.org

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  • Bonjour,

    Voici le texte d'une critique du livre de Cyril payen sur le triste sort des Hmongs du Laos. A se procurer d'urgence, par exemple ici :

     

    Plaidoyer pour un peuple traqué

    En refermant les pages du dernier livre de Cyril Payen, on croit sortir d'un cauchemar. On se dit que ce n'est pas vrai, qu'il est impossible qu'un peuple de montagnards soit traqué, affamé, massacré par une armée sans code d'honneur, à quelques centaines de kilomètres de Bangkok, sans que quiconque proteste.

    C'est un vibrant appel au secours que lancent, par l'intermédiaire du journaliste français, les quelque 18 000 Hmongs qui résistent encore, dans une jungle inhospitalière et avec quelques vieilles pétoires, aux assauts de l'armée communiste laotienne : « une guerre implacable que le gouvernement nie en bloc, soucieux de ne pas alarmer les centaines de milliers de touristes et les investisseurs étrangers qui s'aventurent dans l'un des derniers bastions marxistes de la planète. »

    « Laos, la guerre oubliée » est le récit d'un reportage aux limites de l'impossible, qui se confondrait avec un roman d'espionnage et d'aventure. L'auteur raconte d'abord ses premiers contacts avec le réseau extérieur d'assistance aux Hmongs, sa remontée de la filière, son infiltration mouvementée au Laos avec son caméraman Grégoire Deniau. Il en profite pour nous révéler, au passage, la quête de ses origines laotiennes, quarteron à la recherche d'une grand-mère laotienne perdue dans les limbes de la mémoire familiale et de l'histoire tragique de l'ancien royaume du millier d'éléphants.

    Puis vient l'heure du « voyage au bout de l'enfer ». Une traversée de la jungle de plusieurs jours, dans les traces de deux guides intrépides armés d'un vieux fusil et d'une grenade. L'arrivée dans le camp du chef Moua Toua Ther, un manchot ancien lieutenant de l'armée secrète de la CIA au Laos. Une véritable Cour des miracles : 800 personnes à bout de souffle, errant dans la forêt depuis plus de trente ans, se nourrissant de racines et de rare gibier. Beaucoup sont orphelins, veuves, nombre sont mutilés. En 1989, le groupe de Moua Toua Ther comptait dix fois plus de Hmongs. Cyril Payen et Grégoire Deniau les rejoignent juste après une offensive de l'armée. Sous leurs yeux vont mourir plusieurs des blessés, dont des enfants. Vision intolérable d'un « peuple martyrisé pris entre l'enclume de l'oubli et le marteau implacable de l'extremination ». Sur un bout de papier, les anciens du groupe ont rédigé un message qu'ils chargent leurs deux visiteurs de délivrer au monde libre : « Nous sommes à bout de forces. Nous mourrons de faim. Nous sommes sans défense face à cette tuerie. [...] Nous sommes les victimes de guerres passées. »

    Alors on cherche avec l'auteur les reponsables. On accuse, bien-sûr, le régime de Vientiane, qui n'en finit pas de se venger des « laquais des Américains et de la CIA », menace par tracts d' « assiéger, débusquer et faire sortir de [leurs] trous pour [les] exterminer l'un après l'autre » les rebelles – eux, leurs femmes et leurs enfants.

    Dans son réquisitoire, Cyril Payen n'oublie pas la France, « mère patrie oublieuse et ingrate » qui s'est servie des Hmongs pendant la guerre d'Indochine avant de les abandonner derrière elle. Il n'oublie pas les Américains, qui les ont enrôlés sans se poser de questions dans leur guerre secrète et interdite. « Oui, l'Occident a bien une dette envers les vétérans hmongs », affirme-t-il. Mais « la France et les Etats-Unis attendent la mort de leurs obligés pour ne pas avoir à s'acquitter de cette dette ».

    Le journaliste pointe enfin du doigt les enjeux économiques qui font du massacre des derniers hommes libres du Laos une fin presque inéluctable à ce scénario d'horreur. Trois barrages électriques sont prévus dans la zone où survivent actuellement ces populations hmongs. Raison de plus pour le gouvernement laotien de « pacifier » la région en poursuivant sa propre « guerre secrète ».

    Un terrible et poignant témoignage à lire d'urgence.

    François Tourane 

    Laos, la guerre oubliée, préface de Pierre Schoendorffer, par Cyril Payen, Editions Robert Laffont, 18 euros.


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  • Ceci n'est pas un téléphone trouvé dans une chambre d'hôtel de Phattalung... !

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  • Dans le petit village de Ban Karubi, au point de rencontre des trois provinces du Sud...

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  • Bonjour,

    Me voici de retour à Bangkok après quelques jours de vacances puis une semaine de reportage dans le Sud de la Thaïlande, entre Pattani et Yala. La situation y est de plus en plus grave, je vous en ferai bientôt un petit résumé. En attendant, quelques photos...

    A+

    FT 


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